Plusieurs semaines s’étaient passées. Des semaines durant lesquelles il n’avait pas oublié cette petite fille rencontré dans un parc à Londres et de laquelle il se sentait étrangement attaché. Il n’avait pu s’empêcher de faire des recherches. Sur quoi? Sur un éventuel père qu’elle pourrait avoir quelque part à Glasgow. Mais peut-être n’habitait-il pas à Glasgow... Ou alors il était mort depuis des années. Une troisième solution s’offrait à lui : c’était qu’il avait toujours ignoré l’existence de sa fille. Partout où il avait été recherché en tous les cas, il n’avait rien trouvé. Rien, même pas un nom, pas même une photographie. Etait-il moldu ou sorcier? Avait-il quitté la mlèe d’Ashley lorsqu’il avait appris qu’elle était une sorcière et que sa fille avait des chances de l’être elle aussi? Il y avait tant de questions et aucune n’avait de réponse.

Il avait longuement hésité. Pourquoi? Parce qu’il se disait qu’il n’avait rien à faire là-bas. Il n’avait rien à faire dans la vie de la petite. Si son histoire l’avait touchée - si elle l’avait touché tout court - il n’était rien pour elle et c’était bien mieux pour elle qu’il ne la revoit pas. Pourtant, depuis qu’il savait qu’elle était la fille de la femme qu’il avait autant aimée, il se sentait comme une obligation de se renseigner sur elle, sur sa vie, si elle allait bien ou pas. Comme s’il s’en voulait de n’avoir pas été là à un moment où Shannon en avait eu besoin. Il se faisait du mal. Elle lui ressemblait beaucoup trop et Remus ne se serait pas douté que cette blessure ne s’était pas tout à faire refermée après tout ce temps... Mais après avoir rencontré la petite fille, il était évident que la cicatrisation était encore fragile.

Certaines nuits, il se réveillait et doutait de la réalité et de l’existence de tout cela. Ashley n’était jamais venue à Londres ou en tous cas, il ne l’avait pas rencontrée. Il aurait presque aimé ne jamais savoir que Shannon avait eu une fille. Malheureusement, maintenant, il ne pouvait plus faire semblant. Il lui serait impossible de faire demi-tour même s’il l’avait voulu. Alors, ce jour-là, il quitta chez lui pour transplaner à Glasgow, là où il avait retrouvé l’orphelinat de la petite. Au moment où il allait sortir du 12, Square Grimmaurd, il s’immobilisa en reconnaissant la silhouette aux cheveux roses de Nymphadora...

Se souvenant aussitôt de leur dernière rencontre et conversation, il se figea et sentit son souffle se glacer dans sa poitrine, priant pour qu’elle n’ait pas envie de lui adresser la parole. Il se força à s’emmurer derrière cette forteresse et apparence immuable où il avait l’habitude de se réfugier mais malgré ses espérances, elle le salua. Il ne trouva pas d’autres solutions que de lui répondre le plus cordialement possible - sur un ton détaché.

“Bonjour Tonks. Je vais très bien. Désolé, je n’ai pas le temps de rester discuter longtemps, je suis pressé. Il faut que j’aille quelque part. On se verra plus tard. ”

Il esquissa un rapide sourire avant de la dépasser et de sortir de la maison. Evidemment, la jeune femme n’allait pas abandonner ainsi et il l’entendit - ou la sentit - le suivre. Il la sentit arriver et marcher à sa hauteur. Il sentait qu’elle avait envie de lui parler, mais il ne lui offrit aucune ouverture pour lui permettre d’engager la conversation. Le lycan ne chercha même pas à retenir le soupir qui sortit de sa bouche alors qu’il disait...

“ Nymphadora, j’ai dit que je devais aller quelque part. Seul. Tu seras gentille de retourner à la maison... ” Il tourna légèrement la tête vers elle, croisa son regard mais sans s’attarder plus que cela, il allongea ses pas pour agrandir la distance entre eux. Il marcha sur le trottoir pendant quelques mètres avant de tourner sur la droite dans une ruelle plus sombre d’où il pouvait transplaner. Peut-être aurait-il dû prendre la peine de vérifier si Tonks avait rebroussé chemin, mais l’idée ne l’effleura pas qu’elle n’ait pas encore compris qu’il n’avait pas besoin d’elle et qu’il ne voulait pas parler. Pas aujourd’hui en tous cas.

A vrai dire, il transplana dans la hâte de quitter ce lieu, et avant qu’elle ne l’ait rejoint. Cependant, elle avait eu le temps d’arriver derrière lui et de s’accrocher juste à son bras avant que le transplanage ne démarre. Trop tard. Ils étaient partis. La ruelle où il atterit était assez similaire à celle qu’il venait de quitter. Sentant cependant une présence à côté de lui, son premier réflexe fut de sortir sa baguette mais reconnaissant la personne, il se figea de stupéfaction...

“Tonks ?!... Mais... Dîtes-moi que je rêve. Tu n’as rien d’autre à faire que de me suivre ?! ” La déconcertation se lisait dans sa voix ; il n’en revenait pas qu’elle ait eu le culot de le suivre ici, qu’elle ait pu s’accrocher à la dernière seconde à son bras pour transplaner avec lui. “Je n’ai pas eu l’impression de parler une autre langue que l’Anglais ! Je me demande parfois si tu comprends la notion du mot ‘seul’... ” La jeune femme avait l’habitude de l’amuser assez par sa façon d’être ou alors ses réflexions, mais là, il n’y avait aucun amusement dans le ton de sa voix. Parfois, elle prenait quand même un peu trop de libertés...

Non mais c’est vrai... Est-ce qu’il s’immisce dans sa vie privée, lui ?!

S’il était en colère ? Pas tout à fait, bien que son ton soit suffisant pour faire rougir la jeune femme de confusion ou de honte. Toutefois, personne n’avait encore eu l’occasion de le voir jusque là vraiment en colère. Des années d'expérience à se contrôler en toutes circonstances faisait qu'il savait faire preuve d’un grand self-control.

La vie avait repris son cours, le travail avait repris ses droits et depuis la première et surement dernière leçon de magie sans baguette que Remus avait tant bien que mal essayé de donner à Nymphadora, les deux sorciers ne s’étaient pas revus. Ca n’était pourtant pas faute d’avoir essayé de le croiser de nouveau et l’auror passait par le quartier général dès qu’elle en avait l’occasion. Mais curieusement, le loup-garou n’était jamais dans les parages. Alors Tonks avait décidé de prendre son mal en patience, bien déterminée à aller jusqu’au bout de son idée, il ne servait à rien de courir, elle finirait bien par l’avoir un jour… Bien sur, le plus tôt serait le mieux de son point de vue, mais Remus était humain, il ne pouvait pas rester sur ses gardes tout le temps, vingt quatre heures sur vingt quatre, à chaque seconde… C’était impossible… Et elle était bien décidée à guetter le bon moment pour intervenir.

Tonks, qui était pourtant inexpérimentée dans ce domaine et qui jusqu’à maintenant s’était montrée timide et plutôt réservée par rapport à ses sentiments grandissants pour Remus, avait finalement compris que tant qu’elle ne ferait pas le premier pas pour bouger les choses, elles resteraient telles qu’elles étaient et Remus continuerait à la voir que comme la bonne copine rigolote qui gaffe tout le temps. Hors, ça n’était pas dans ses objectifs et la métamorphomage était bien décidée à montrer au lycan qu’elle n’abandonnerait pas si rapidement. Elle avait beau avoir été à Poufsouffle, Remus ne devrait pas oublier si facilement qu’elle avait du sang Black dans les veines et que par conséquent, elle était têtue et qu’elle savait parfaitement ce qu’elle voulait… Et ce qu’elle voulait n’était pas compliqué… C’était s’appeler madame Lupin pour le reste de sa vie…

Tonks avait fini sa journée de travail et se rendait, comme d’habitude, au quartier général en se remémorant la tête de ce pauvre Remus lorsqu’elle l’avait vu la dernière fois, juste avant qu’elle ne parte dormir. Elle était persuadée trouver la maison vide, comme d’habitude, mais elle eut tors… Juste quand elle s’apprêtait à rentrer, elle tomba nez à nez avec l’objet de ses pensées qui ne sembla pas très à l’aise de la voir là, en face des yeux.

« Oh bonjour Remus ! Comment tu vas ? Ca faisait longtemps… » Salua-t-elle avec enthousiasme.

Mais Remus ne semblait pas si content que ça de la revoir, bien au contraire, Nymphadora aurait mis sa main à couper qu’il aurait préféré écouter un cours de Binns tout le reste de sa vie plutôt que de se retrouver dans cette situation.

“Bonjour Tonks. Je vais très bien. Désolé, je n’ai pas le temps de rester discuter longtemps, je suis pressé. Il faut que j’aille quelque part. On se verra plus tard. ”

Nymphadora resta interloquée durant deux bonnes secondes - temps que Remus mis à profit pour la dépasser et sortir de la maison - et se retourna aussi sec pour le suivre et sortir du quartier général à son tours. Elle le rattrapa en quelques enjambées et se planta devant lui avant d’entendre un soupir clairement exaspéré sortir de sa bouche.

« Remus attend je… »

“ Nymphadora, j’ai dit que je devais aller quelque part. Seul. Tu seras gentille de retourner à la maison... ”

La métamorphomage écarquilla les yeux, choquée par le ton sur lequel il lui parlait. Rêvait-elle ou bien est-ce qu’il commençait à la confondre avec sa filleule de treize ans… ou quatorze elle ne savait plus… Mais ça n’allait pas se passer comme ça, bien décidée à lui rappeler qu’il n’était pas son père et qu’il n’en n’avait certainement pas l’âge, Nymphadora, plutôt que de faire ce qu’il lui avait dit, le suivit sans que Remus ne s’en rende compte, apparemment persuadé qu’elle n’aurait pas le culot de le suivre.

Tout se passa très vite, elle eut tout juste le temps d’agripper le bras de Remus avant que ce dernier ne transplane et elle avait à peine atterri à coté de lui qu’il lui pointait déjà la baguette sous le nez. Nymphadora, un peu déboussolé par ce transplanage qu’elle n’avait pas prévu, n’eut pas franchement de réaction autre que de le fusiller du regard.

“Tonks ?!... Mais... Dîtes-moi que je rêve. Tu n’as rien d’autre à faire que de me suivre ?! ”

Oui enfin elle ne s’était pas imaginée qu’il allait transplaner, elle pensait pouvoir l’arrêter pour lui demander pour quelle raison il s’était mis à l’éviter comme la peste.

“Je n’ai pas eu l’impression de parler une autre langue que l’Anglais ! Je me demande parfois si tu comprends la notion du mot ‘seul’... ”

Nymphadora se vexa de nouveau et mis les poings sur les hanches.

« Et moi je me demande si des fois tu n’oublierais pas un peu facilement que je ne suis pas une enfant et que tu es très loin d’avoir l’âge d’être mon père… »

Il ne pensait tout de même pas pouvoir l’éviter pour lui parler sur ce ton et s’échapper comme ça, sans représailles…

« Tu vois, je m’étais dit que peut-être ça n’était pas de ta faute et que je me faisais des idées, mais ton attitude me prouve tout le contraire… Tu m’évites Remus, tu m’évites et tu fuis la réalité… Mais je ne te laisserai pas faire… Je ne te laisserai pas m’ignorer comme ça… »

C’était un monde tout de même, qu’à son âge, il ne puisse pas assumer et préfère la fuir plutôt que de voir la réalité en face. Réalité qui, rappelons le, était son attirance au moins physique pour elle… Elle en était sur et certaine, sinon, il ne la fuirait pas comme ça.

« Maintenant que les choses son claires et que j’ai put te dire ce que je voulais te dire avant que tu n’essaie lamentablement de me fuir encore plus… On est où ? »

Dès lors qu’il avait reconnu la jeune femme, il avait évidemment baissé sa baguette mais son agacement n’était toujours pas retombé. C’est vrai, il n’en revenait pas qu’elle l’ait suivi ainsi. Quand est-ce qu’il n’avait pas été clair dans son indication et sa volonté d’être seul ? Cependant, lorsqu’elle ouvrit la bouche pour parler, ce fut à son tour de la regarder avec incrédulité.

Il ouvrit la bouche à plusieurs reprises sans savoir ce qu’il voulait vraiment dire en réalité. Comment ça il l’évitait ? Il ne l’était pas voyons... Où allait-elle chercher ce genre de choses? Ils avaient eu beaucoup de choses à faire tous les deux, c’est tout. Il avait eu un emploi du temps chargé ces temps-ci. Ce n’était pas de sa faute s’ils ne s’étaient croisés que brièvement ces derniers temps et sans pouvoir échanger plus de deux phrases. D’où lui venait donc cette idée de lui faire un caprice sous prétexte qu’il l’évitait ! Et puis, quand même bien c’était la vérité (et ça ne l’était pas ! … du moins, pas consciemment), cela ne changeait rien au fait qu’elle l’avait suivit alors qu’il lui avait dit avoir des choses à faire et que sa présence n’était pas requise. Il n’avait pas que cela à faire de rester à parler de ses états d’âmes.

“Mais...”

Déconcerté, il cligna des yeux plusieurs fois ne trouvant pas que lui répondre. Attitude ?! Quelle attitude ? Fuir la réalité ? Quelle réalité ? Il n’avait aucune attitude particulière... Il agissait normalement, comme toujours... Il ne la fuyait pas... Et il était parfaitement au courant qu’il n’était pas son père merci bien. Quoiqu’entre son père et lui, il ne devait pas y avoir plus de neuf ans d’écart ; pas plus de dix en tous les cas. A son humble opinion, dix ans, c’était trop peu. Il était également parfaitement au courant qu’elle n’était pas une enfant (il s’empêchait d’ailleurs souvent d’y penser). Il préfèrerait même penser qu’elle était encore une enfant. Ainsi, ce serait beaucoup plus facile et ils n’auraient pas les problèmes qu’ils avaient en ce moment. Problèmes du moins, du point de vue du lycan.

“Je...”

Encore une monosyllabe. En fin de compte, il lui sembla plus facile de répondre d’abord à sa toute dernière question. Question qui ne le concernait pas directement. Parce qu’au cas où vous ne l’auriez toujours pas remarqué, Remus avait beaucoup de mal avec les questions qui le concernait directement. Il devenait comme muet, incapable de prononcer un seul mot, incapable d’exprimer la moindre de ses émotions ou sentiments. Il ne parlait d’ailleurs jamais de ses sentiments. Il n’était pas habitué à en parler et cela faisait bien longtemps qu’il avait appris à les cacher...

“En Ecosse. A Glasgow. ” Et sans attendre qu’elle lui demande pour quoi ils se trouvaient à Glasgow, il rangea sa baguette dans l’intérieur de sa veste avant de sortir de la ruelle pour marcher d’un pas vif jusqu’au bout de la rue où il bifurqua. L’orphelinat se trouvait dans cette rue-là, un peu près au milieu. L’esprit cependant en ébullition, et sachant d’avance que les pas précipités derrière lui ne pouvaient appartenir qu’à Nymphadora Tonks, il s’arrêta brusquement et se retourna pour lui faire face manquant presque au passage de la heurter parce qu’elle marchait trop près de lui. Ça, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même ; quelle idée aussi de marcher dans ses pas!

“Et même...” Il réfléchit quelques secondes à la façon de formuler sa réflexion avant de reprendre. “Et même si, imaginons je te fuyais, ce n’est ni le moment ni le lieu pour en parler !” fit-il en insistant particulièrement sur le mot ‘imaginer’, laissant ainsi croire que tout ce qu’elle avait dit ne venait que de sa propre imagination.

La question qui était alors à se poser c’était : Quand ? Quand ce serait le moment d’en parler ? Avec Remus, autant dire jamais. Sur ce et sans attendre de réponse de sa part, il se tourna de nouveau et reprit sa marche pour ne s’arrêter que lorsqu’il fut arrivé devant l’orphelinat. Pendant un moment, il resta à observer le bâtiment (sa propreté, l’état, etc) comme s’il voulait vérifier qu’Ashley était bien placée là où elle était puis, entendant la jeune femme s’arrêter à côté de lui, il expliqua rapidement d’une voix plus tranquille que précédemment.

“Pour ton information, la fille d’une de mes connaissances de longues dates se trouvent dans ce lieu. Je venais juste la voir, c’est tout. ”

Sauf que maintenant qu’il n’était plus seul, il n’était pas certain de vouloir y rentrer. Pour une raison mystérieuse, il n’avait pas vraiment envie que Tonks découvre cette partie de son passé même si elle ne pouvait évidemment pas connaître la nature de sa relation avec la mère de la fille. Par principe, il ne voulait pas. C’était trop... Il avait beaucoup trop l’impression que c’était une façon de la laisser entrer dans sa vie et ça, il ne voulait pas lui laisser ce faux-espoir.

“Ne pose pas de questions” fit-il alors qu’il la voyait ouvrir la bouche, comme pour lui faire remarquer que sa place n’aurait pas dû être ici avec lui. Il se retourna face à la maison pour regarder à travers les grandes fenêtres, comme s’il s’attendait à voir apparaître la petite fille à l’une d’entre elle puis, au prix d’un effort presque surhumain, il finit par ajouter en tournant la tête vers elle pour s’excuser.

“Je te prie de m’excuser pour ma dureté, je ne voulais pas. J’étais en colère que tu me suives comme ça sans être invitée c’est vrai. Parfois je...” Parfois, il pouvait être un peu bourru oui! “Cela n’a pas d’importance.”

Il détourna la tête de nouveau vers la façade de la maison, les sourcils froncés et se demandant toujours que faire. Juste à ce moment-là, une petite tête blonde passa devant l’une des fenêtres...

“Mais... Je...”

C’était les seules paroles qu’il avait réussit à bredouiller durant la tirade de Nymphadora qui avait fini par lui demander où ils se trouvaient exactement. Effectivement, elle n’aimait pas ne pas savoir où elle était et puis pour repartir, ça serait bien plus pratique pour elle de connaitre le nom de l’endroit d’où elle devait aller. Quoi qu’il en soit, elle ne dit rien, attendant que Remus remette son cerveau en marche et qu’il se rappelle de comment parler correctement, avec sujet, verbe et compléments… Apparemment, il ne s’était absolument pas attendu à ce que la métamorphomage soit aussi directe et franche avec lui et cela le mettait plutôt mal à l’aise ce qui était compréhensible quand on prenait en compte qu’il n’aimait pas parler de ses ressentit. Quoi qu’il en soit, et avec un air de nouveau fermé, Remus retrouva l’usage de la parole.

“En Ecosse. A Glasgow. ”

En Ecosse ?! Nymphadora était plutôt interloquée et se demandait ce que Remus pouvait bien trafiquer en Ecosse. C’était d’ailleurs ce qui la préoccupait le plus, même pas le fait qu’elle soit bien loin de Londres à Présent, non, elle se demandait pourquoi ils étaient rendus à Glasgow et particulièrement ce que Remus faisait ici…

Mais Remus n’avait apparemment pas l’intention de le lui faire savoir puisqu’il avait déjà rangé sa baguette et commencé à quitter la ruelle d’un pas pressé avant que Nymphadora ne s’en rende compte. Qu’a cela ne tienne, elle lui emboita le pas en se précipitant à sa suite jusqu’à ce qu’il s’arrête brusquement sans prévenir et ne se retourne pour lui faire face. Tonks ne dut qu’à ses réflexes de ne pas lui rentrer dedans de plein fouet. Mais pour une fois, elle aurait préféré faire une gaffe et montrer une nouvelle preuve de sa maladresse légendaire.

“Et même... Et même si, imaginons je te fuyais, ce n’est ni le moment ni le lieu pour en parler !”

Imaginons… Bien sur… Nymphadora était clairement sceptique et cela devait bien se voir. Elle ne croyait pas une seule seconde qu’elle se fasse des idées au sujet du loup-garou et elle ne comptait pas abandonner si vite. Une fois encore cependant, Remus n’attendit pas de réponse de sa part et continua sa route, sachant apparemment parfaitement bien où il se rendait. C’était à croire qu’il ne venait pas ici pour la première fois.

Après quelques mètres encore, Remus s’arrêta devant un portail et Nymphadora s’arrêta à coté de lui, regardant curieusement la bâtisse en se demandant ce que c’était exactement jusqu’à ce qu’elle voit le panneau avec le nom de l’orphelinat inscrit dessus. Ils étaient devant un orphelinat… Remus faisait le voyage jusqu’à Glasgow pour aller dans un orphelinat… Tonks commença à froncer les sourcils sous l’intensse concentration dont elle faisait preuve pour essayer de trouver une raison valable et logique qui expliquerait cette situation, mais elle n’y parvint pas.

“Pour ton information, la fille d’une de mes connaissances de longues dates se trouvent dans ce lieu. Je venais juste la voir, c’est tout. ”

Oh… Nymphadora comprenait mieux apparemment, il y avait une petite fille dans cet orphelinat qu’il connaissait… La métamorphomage était un peu déçue de ne pas avoir connu l’existence de cet enfant plus tôt mais elle se fit une raison, Remus avait toujours été très discret sur son passé et son présent, il n’y avait donc aucune raison pour que ça la choque plus que ça. Et il y avait encore beaucoup de choses qu’elle ne savait surement pas à son sujet, elle en était bien consciente. L’auror s’apprêtait à demander au loup-garou plus de détails quand à la raison de la présence de cet enfant dans cet orphelinat lorsqu’il la pris de vitesse une fois encore.

“Ne pose pas de questions”

Pour un peu, et si elle avait sut le faire, elle lui aurait fait un salut militaire en réponse… Nymphadora, vexée qu’il se mette carrément à lui donner des ordres, pinça les lèvres et s’apprêtait à bouder joyeusement dans son coin lorsqu’elle remarqua qu’il tournait la tête vers elle.

“Je te prie de m’excuser pour ma dureté, je ne voulais pas. J’étais en colère que tu me suives comme ça sans être invitée c’est vrai. Parfois je...”

Il y avait vraiment quelque chose qui ne tournait pas rond chez lui en ce moment quand même… Il était fâché, elle voulait bien le comprendre, mais il passait du coq à l’âne à une vitesse en s’excusant immédiatement après…

“Cela n’a pas d’importance.”

Bien entendu, ça le concernait alors il jugeait que ça n’était pas important… Mais maintenant qu’il semblait être calmé, Nymphadora décida d’enfin lui expliquer le pourquoi de sa présence.

« Je ne pensais pas que tu allais transplaner… Je t’ai attraper le bras pour t’obliger à rester m’écouter et t’es partit au même moment… J’ai déjà été désartibulée alors j’ai pas pris le risque de recommencer l’expérience… C’est très désagréable… »

Rien que d’y penser et elle avait l’impression de ne plus avoir sa jambe gauche accrochée au reste de son corps… Remarquez ça n’avait rien d’étonnant, quand on connaissait sa maladresse, on ne pouvait que s’imaginer qu’elle s’était désartibuler plusieurs fois en apprenant le transplanage… Mais ça n’était heureusement arrivé qu’une seule fois, la douleur lui ayant servit de leçon…

« Je sais que tu ne me laisses pas le droit de poser des questions mais… Je suppose que tu préfères la voir tout seul… Cette petite fille… Si c’est le cas, je comprendrais… Je voulais juste que tu saches que c’est pas en m’évitant tout le temps que je finirai par changer d’avis à propos de ce que je ressent… » Nymphadora fit une pause et repris avec un petit air mutin. « Oh et ça n’est pas la peine de me dire que ça n’est pas le moment, je m’en fiche… Et si tu essaie de me dire que je me trompe, ça ne changera rien, je ne te croirais pas. »

Au moins c’était clair dès le départ, elle comptait bien n’en faire qu’à sa tête puisqu’il décidait d’en faire de même…

« The Farmer in the Dell
The farmer in the dell,
The farmer in the dell
Hi, ho the derry-o,
The farmer in the dell
The farmer takes a wife,
The farmer takes a wife
Hi, ho the derry-o,
the farmer takes a wife
The wife takes a child...
The child takes a nurse...
The nurse takes a dog...
The dog takes a cat...
The cat takes a rat...
The rat takes the cheese...
The cheese stands alone… »

La petite fille qui n’avait pas encore cinq ans, chantait cette chanson en boucle et à tue-tête pour passer le temps dès qu’elle s’ennuyait. Et puisqu’elle refusait toujours de se lier aux autres enfants et de jouer avec eux, elle s’ennuyait souvent. L’entendre chanter sans cesse était donc devenu incroyablement agaçant pour les professeurs et le personnel de l’orphelinat de Glasgow où Ashley vivait depuis le décès de sa maman. Mais elle, elle se fichait bien d’agacer tout le monde avec ses chansons et puisqu’ils avaient décidés de ne plus la proposer à l’adoption, et bien elle les ennuierait au possible. Ca n’était pas très gentil de sa part, mais Ashley avait de plus en plus l’impression de ne plus exister pour personne alors se faire remarquer en faisant mille bêtises et en agaçant son monde, c’était la seule chose qu’elle avait trouvé.

Puisqu’elle n’avait pas école aujourd’hui, alors que les autres enfants jouaient tranquillement dans la salle de jeux en intérieur, Ashley marchait dans les couloirs, sans but, en chantant pour se donner l’impression d’être occupée et également pour embêter le plus de monde possible. Mais recevoir des regards noirs à chaque angle de couloir avait fini par lui mettre le cafard alors elle s’était éloigné des autres et continuait de marcher, regardant de temps en temps par les fenêtre pour voir une voiture passer. Elle s’ennuyait et aujourd’hui, les éducateurs avaient décidés qu’ils n’iraient pas dehors. Ashley se demandait bien pourquoi mais n’avait certainement pas posé la question à quelqu’un.

La fillette s’arrêta un instant, s’asseyant par terre pour reposer un peu ses petites jambes et se mis à penser. Pendant les vacances, ils avaient été à Londres, comme tous les ans et avec la plus grande des chances et le plus incroyable des hasards, elle avait retrouvé le monsieur sur la photo avec sa maman… Enfin c’était plutôt lui qui l’avait trouvé à vrai dire puisqu’il était venu lui parler alors qu’elle était assise sur la branche de l’arbre… Il lui avait même sauvé la vie… Si, si… Parce qu’il l’avait rattrapé avant qu’elle ne tombe par terre et elle aurait put se faire très mal… Mais Remus l’avait sauvé…

Mais Remus n’avait pas put lui dire qui était son papa… Il avait connu sa maman bien avant qu’elle ne vienne au monde et entre temps ils s’étaient perdu de vue… Alors Remus était comme elle, il ne savait pas qui était son papa… Ashley en était au même point finalement, elle savait qui était le monsieur de la photo mais elle ne savait pas qui était son papa… C’était dommage tout de même, que Remus ne soit pas son papa parce qu’il avait l’air vraiment gentil comme monsieur et la fillette était certaine qu’il aurait fait un papa formidable.

Ashley, au bout de quelques minutes, se décida à reprendre sa marche tranquillement en oubliant qu’il y avait des fenêtres à coté d’elle. Au bout d’un instant cependant, elle regarda dehors, par curiosité, pour trouver de quoi penser avant de se remettre à chanter et alors qu’elle ne vit aucune voiture (dommage), elle allait reprendre sa petite promenade lorsqu’elle se rendit compte qu’il y avait quelqu’un devant les grilles… La petite fille se mis sur la pointe des pieds et plissa les yeux… Son regard lui jouait-il des tours ou l’une des personnes avait les cheveux roses ?!

Bien décidée à en savoir d’avantage sur la question, elle se précipita en courant aussi vite qu’elle le pouvait pour dévaler les escaliers et arriver, toute essoufflée, dans la cours. Elle s’arrêta le temps de refermer la porte correctement et elle repris sa course, se cachant derrière un tronc d’arbre pour espionner les deux étrangers… Elle avait raison, la fille avait les cheveux roses et le monsieur…

« MONSIEUR REMUS !!!! » Cria joyeusement la petite fille en reconnaissant son visiteur maintenant qu’elle le voyait de plus près.

Elle se mis à avancer en courant jusqu’à la grille de l’entrée principale et elle attrapa les barreaux avec ses deux mains, faisant un grand sourire aux deux adultes de l’autre coté de la porte.

« Bonjour Remus ! Comment t’as fait pour venir jusque ici ? T’habites pas à Londres ? Pourquoi t’es venu ? Pour me voir ? Moi ? Moi toute seule ? » Demanda-t-elle avec empressement.

Elle se retourna ensuite vers Nymphadora, lui faisant un grand sourire.

« Bonjour ! Moi je m’appelle Ashley, et toi ? T’es une amie de Remus ? »

Tout en observant la façade de l’orphelinat presque comme s’il attendait à voir aux travers des murs, il entendit Tonks se mettre à parler et hocha à peine la tête. Elle n’avait pas voulu le suivre mais avait juste attrapé son bras dans l’intention de l’arrêter. Néanmoins, elle n’avait pas prévu qu’il allait transplané. Il était prêt à la croire. Elle était le genre de personnes sincères qu’il était prêt à croire sur parole. Il tourna la tête vers elle et tandis qu’elle s’enfonçait plus loin dans ses explications, il posa une main sur son épaule.

“Je te crois.” fit-il simplement en esquissant un léger sourire. Se rendant cependant compte l’instant suivant de son geste, il s’empressa de retirer sa main aussi vite qu’il l’avait posée. Pourquoi avoir posé sa main sur son épaule ? Il n’en savait rien. Il avait juste voulu la rassurer en lui faisant comprendre qu’il ne lui en voulait plus, qu’il n’était plus en colère. Et puis, il s’en voulait également un peu de s’être énervé pour si peu... Cependant, il préféra ne pas relever la suite de ses paroles qui concernaient se sentiments. En fait, à partir de “Je voulais juste que tu saches”, il fit son possible pour être sourd à ce qu’elle était en train de dire. Il avait tourné sa tête de nouveau vers l’orphelinat et c’est à ce moment qu’il aperçut une tête apparaître par l’une des fenêtres dans un étage.

Il ne reconnut pas la petite fille. Il était bien trop loin et en plus, il ne l’aperçut qu’un quart de seconde. Quelques minutes plus tard lorsqu’elle débarqua dans la cour de l’orphelinat, il crut devenir sourd en l'entendant crier son prénom. Il n’y avait aucun doute, c’était bien elle. Il reconnaissait sa voix. Son cri perçant sembla lui vriller les tympans et il se félicita une fois ne pas connaître au quotidien ces cris d’enfant. Sérieusement, il était un enfant bien calme comparé à la nouvelle génération. Sa mère était heureuse avec lui, je vous le promets. De même qu’il n’a jamais causé aucun problèmes (hormis l’accident qui a fait ce qu’il est devenu aujourd’hui).

Cependant, quand il vit l’enfant s’arrêter devant les grilles, il lui sourit tout en hochant la tête. “J’habite à Londres, si mais je suis juste venu en visite ici. Je passais dans le coin... Enfin, nous passions dans le coin et nous nous sommes arrêtés pour te voir”.

Bon ce n’était pas exactement la vérité mais pour une mystérieuse raison il ne voulait pas qu’elle croit qu’il était venu exprès ici pour la voir et voir l’établissement dans lequel elle avait été mis. Peut-être qu’inconsciemment il ne voulait pas reconnaître qu’il s’attachait à cette petite. Il n’avait pas forcément prévu à la base d’aller la voir mais juste de regarder de loin là où elle logeait ; histoire de s’assurer qu’elle était dans un bon endroit. En vérité, si elle n’était pas apparue à la fenêtre et ne l’avait pas vu la première, il y avait de bonnes chances pour que Remus n’ait pas cherché à la voir. Il n’aurait pas voulu la déranger.

“C’est une amie oui.” s’empressa t-il de répondre avant que Tonks ne réponde à la question que la petite lui avait posé, comme s’il avait pensé qu’elle allait dire autre chose. Il fallait bien mettre les choses au clair. “Ashley, je te présente Nymphadora Tonks...” Il se tut avant de se reprendre aussitôt en voyant les cheveux de la jeune femme virer au rouge. “ Enfin, Tonks. Elle préfère être appelée sous le seul nom de Tonks...” Il esquissa un petit sourire. Pourquoi avait-il l’impression que la jeune métamorphomage allait immédiatement plaire à la petite ?