Les cours de potions, aah. Qu'elle joie. Surtout lorsque l'on nous colle du boulot supplémentaire à cause d'une simple maladresse. D'accord, le mélange de scarabée, de bile de tatou et de racine de gingembre n'avait pas l'air de s'accorder parfaitement avec la mouche. Cette stupide mouche suicidaire qui était venue se poser à l'intérieur du chaudron. Peut-être qu'elle s'était dit "Hé, et si j'allais boire un coup dans ce chaudron bouillonnant ?" je ne sais pas... mais elle devait être sacrément stupide. En tout les cas, je l'avais vu s'approcher dangereusement. Plusieurs fois, j'agitais les mains pour la chasser, mais quoi que je fasse, elle revenait. Surement l'odeur du Gryffondor qui l'attirait. Parce que, oui, il y avait un gryffondor à mes côtés. Pas n'importe quel Gryffondor, non : un roux ! Enfin, un Weasley quoi. Ronald, pour être plus précise. Je n'avais absolument rien contre les rouges et or, si l'on oublie le fait qu'ils détestent cordialement les serpentards et que j'en suis une. Je n'avais absolument rien contre le rouquin, non plus. Au contraire. J'aimais bien l'observer, et l'écouter de loin. Il était marrant, et plutôt mignon. D'accord, je devais avoir un sérieux problème pour penser ce genre de choses, pourtant, je ne pouvais pas le nier : il m'arrivait d'étouffer un rire lorsque je l'entendais faire une remarque amusante. Ce qui arrivait souvent, il faut l'admettre, puisque beaucoup de cours rassemblaient nos deux maisons. Cette fois-ci, j'avais beaucoup apprécier l'idée de Rogue, de nous mettre en binôme. Je m'étais dis que je pourrais peut-être enfin l'aborder, mais non. C'était un long silence pesant qui s'était logé entre nous. Après tout, à quoi est ce que je m'attendais? Les serpentards passaient absolument tous pour des vipères, des crétins ou bien des pestes. Nous n'étions pas tous ainsi. Ou presque. Je l'étais tout de même un peu, il fallait bien l'avouer. Mais en aucun cas je dénigrais les autres maisons. ... même s'il m'arrivait de me moquer gentiment de ces grosses têtes de serdaigle...
Revenons au vif du sujet : l'explosion de notre chaudron. Après ça, je tentais d'expliquer au professeur que tout s'était passé à cause de l'intervention d'un insecte, mais rien n'y fit. Il nous colla tout de même un devoir supplémentaire en guise de punition. Faire un historique de l'aiguise méninge? Sérieusement? C'est passionnant. Je détestais clairement tout ce qui touchait aux recherches et à l'histoire. Voilà que mon professeur préféré (on va dire ça comme ça..) m'infligeait cette torture. Peu importe, j'avais proposé à Weasley de le faire ensemble. Peut-être que cela me donnera une nouvelle opportunité pour briser la glace. Je sentais que cela n'allait pas être simple.

« C’est maintenant que tu arrives ? J’ai déjà commencé. »

C'est ce que j'entendis, à peine entrée dans la bibliothèque. Merci pour l’accueil Ronald, vraiment. C'était très encourageant.
En vérité, je m'étais levé tôt pour le rejoindre. Le seul hic ? Je n'avais quasiment jamais mis les pieds dans cette endroit plein de bouquins. Alors je m'étais perdue. J'aurais très bien pu demander mon chemin, mais j'étais beaucoup trop fière pour que d'autre sache que je n'étais pas très sérieuse. Car, c'était clairement ce que cela signifiait. La bibliothèque était le lieu où les élèves étudiaient généralement. Quant à moi, je préférais faire mes devoirs rapidement, affalée dans mon lit.

« Pardon, je me suis...perdue. »

A cet instant même, je me sentais ridicule. Je lui avait avouer pour qu'il ne me prenne pas pour quelqu'un de négligeant. Je n'étais jamais ponctuelle habituellement, c'est vrai : parce que j'étais toujours en avance ! Impossible pour moi d'arriver à l'heure, ou bien en retard, en temps normal. Je posais alors mon sac, un peu brutalement, sur la table et me laissais tomber dans la chaise en face de lui. Un air las se dessinait sur mon visage. Je n'avais pas le courage d'étudier. Il fallait pourtant le faire, ou bien Snapy nous collerait deux fois plus de boulot. Je sortais alors une plume et un parchemin, tout en zieutant discrètement ce qu'avait déjà écrit le rouquin. Pas grand chose à première vue. Je choppais donc un livre au hasard, et je l'ouvris en plein milieu pour faire semblant de lire. Je voulais avoir l'air studieuse, mais c'était raté : je le tenais à l'envers. Remarquant mon erreur, je le mis ensuite dans le bon sens. Mon regard se posa automatiquement sur la 37ème ligne de la 157ème page, et je lu à voix haute.

« La potion d'Aiguise méninge à été crée en 1810 par... par un mec au nom imprononçable. »

Je notais alors son nom avec beaucoup de mal puis, pour m'amuser, je tentais de le prononcer. Ce n'est qu'après quelques échecs cuisants qui me faisaient rire moi même, que je m'arrêtais en toussotant, gênée. Je venais de me souvenir de la présence du rouquin. Je lui passais alors le livre, au cas où il veuille lui aussi le recopier. Ou bien, tenter de prononcer l'étrange nom...

Plusieurs minutes s'étaient écoulés depuis ma dernière intervention. J'avais tenter une approche, mais cela s'était soldé sur un échec total. Vraiment pas causant le rouquin. Il semblait très concentrer dans son travail. Étrange. Je ne le voyait pas aussi sérieux. Sûrement était-ce Miss Je sais tout qui l'avait contaminé? Je frissonnais rien que d'y penser, qu'elle horreur. En tout les cas, je m'ennuyait et ce silence pesant commençait à m'agacer. Je jouais alors avec mes doigts, sur la table, puis je regardais autour de moi. Tout les élèves étaient plongés la tête dans leurs livres et aucun ne semblaient réellement intéressant.

« Désolé pour le silence, je n’ai pas l’habitude de travailler avec quelqu’un d’autre qu’Hermione ou Harry. »

God. Il parle. Je relevais alors soudainement la tête, surprise de cette prise de parole. Il s'excusait de ce silence, hein? Son excuse? Il n'avait pas l'habitude de travailler avec quelqu'un d'autre que Granger et Potter. Tu parles. Il avait surtout pas l'habitude de côtoyer une serpentard. Pourtant, je n'étais pas si horrible, non? Enfin, je ne l'avais pas insulté, ni rabaissé, et je ne m'étais même pas moquer de la couleur de ses cheveux. La maison des vert et argent était beaucoup trop stéréotyper. Cela semblait alors presque impossible aux autre maisons de considérer que quelques uns soient à peu près abordables.

« Et moi, je n'ai pas l'habitude de travailler tout court. »

Je lui souriais de manière à ce qu'il comprenne que j'allais lui faire aucun mal. Je voulais essayer de l’apprivoiser, petit à petit. Du moins, tenter de gagner sa confiance pour qu'il se décoince un peu. Histoire que ce soit un peu plus amusant. Il fallait clairement qu'il cesse d'être sur ses gardes. Ainsi, je décidais de lui montrer mes notes. D'accord, je n'avais pas fait grand chose, mais peut-être qu'il y avait des informations sur mon parchemin qui n'était pas sur le sien. A vrai dire, le peu d'informations susceptibles de ne pas se trouver sur ses notes était un dessin ridicule de Rogue, sur le coin de la feuille. Ce dernier était représenté en train de se noyer dans un chaudron, agitant les bras pour rester à la surface. J'avais été plutôt douée sur ce coup, il fallait l'avouer. Son nez crochu et ses cheveux gras étaient parfaits, haha. J'aimais beaucoup ce prof, certes. Mais j'étais très rancunière, surtout lorsqu'il s'agissait de devoirs supplémentaire.

« Tiens. S'il y a une info que t'as pas, hésites pas à recopier... même si tu es sûrement mieux avancé que moi...»

Je jetais un coup d'oeil à ce qui se trouvait sous sa plume, et en effet, il avait écrit plus. Je grimaçais alors, désolé de n'avoir rien trouvé d'autre. J'étais vraiment une buse. Ma concentration était au minimum. Je n'arrivais absolument pas à bosser, avec ces cheveux roux en face de moi ! ... je n'avais rien contre les roux hein. Juste que cela attirait automatiquement mon regard. Je ne pouvais m'empêcher de me demander comment une couleur pareil pouvait exister naturellement. Était-ce vraiment humain? Tay', tu es une imbécile.

Tout comme je m'en doutais, Weasley ne regarda mes notes que quelques instants. Signe qu'il n'y avait rien à y lire d’intéressant. J'avais pourtant fait de mon mieux, vraiment. De ce fait, ce fut son tour de me montrer ses recherches, pour que je puisse recopier ce qu'il me manquait. C'est à dire, à peu près tout. Je le remerciais et commençais à écrire, tentant d'être le plus rapide possible. A vrai dire, je notais que les mots clés pour pouvoir reconstituer le tout au propre plus tard. Finalement, je terminais et lui rendais ça feuille avec un sourire.

« Tu devrais chercher ce qu’il nous manque comme information… Je ne vais pas faire tout le travail à ta place. »

Instantanément, mon sourire s’effaça. Il avait raison, oui. Après tout, si nous étions là tout les deux, c'était pour travailler ensemble. ENSEMBLE. Pourtant, il ne m'avait ni attendu pour commencer, ni adresser la parole pendant que l'on bossait. Où était le "ensemble", là dedans? Alors, certes, il en avait fait largement plus que moi, mais c'était de sa faute ! Nous étions sensé nous concerter. Bref. Je n'allais tout de même pas rechigner, il fallait bien que je fasse ma part de boulot. Je soupirais alors d'agacement, et m'affalais dans ma chaise, livre à la main. Je commençais sérieusement à chercher, lorsque quelque chose me contraria de plus en plus. POURQUOI était-il si froid, ENCORE? Je n'en pouvais plus, il fallait à tout pris que je mette les choses au clair. Ma franchise allait probablement l’énerver plus qu'autre chose, mais je ne pouvais me retenir plus longtemps. Aussitôt, je reposais le livre sur la table, et me redressais de manière à être plus proche du rouquin. Un soupir désabusé, et j’enchaînais.

« Qu'est ce qu'il ne va pas? T'as un éclair de feu coincé dans le derrière, et ça t'empêche d'être sympa avec moi, c'est ça? Non parce que, je veux bien que tu sois agacé par la situation, parce que un devoir en plus c'est pas cool, encore moins avec un Serpentard... mais j'ai rien fait de mal moi. J'veux dire, t'as aucune raison d'être aussi distant, je suis pas encore atteinte d'éclabouille à ce que je sache. Puis si ça te déplaît autant de... »

Je m'arrêtais nette. Je venais de réaliser qu'au fil de mon monologue, ma voix avait augmenté en intensité si bien que tout le monde nous regardais, et je me tenais maintenant debout, les mains plaquées sur la table. Mon premier réflexe fut de regarder en direction de Mrs Pince. Mauvaise idée. Cette dernière n'avait pas osé intervenir durant mon coup de gueule, mais elle me fusillait maintenant du regard. Je grimaçais alors d'un air désolé, et je m'assise délicatement dans ma chaise en essayant de ne faire aucun bruit. Moment gênant. Très gênant. Au moins maintenant, le rouquin avait une bonne raison pour me haïr.

« Pardon. »