Le temps n’était pas franchement au beau fixe, et cela n’avait rien à voire avec le tournois des trois sorciers dont Severus se fichait comme de son premier chaudron… Hum non, pas son premier chaudron mais plutôt de la première correction que son père lui avait fichu lorsqu’il était gamin… En effet, le seul intérêt qu’il voyait dans ce tournois et bien c’était… C’était… A vrai dire il n’y voyait aucun, a plus forte raison parce que le champion de l’école n’était pas un Serpentard et puis de toutes manières il ne s’y était pas attendu une seule seconde… A vrai dire il ne voyait que des inconvénients à ce tournois… Il y avait des élèves en plus, il y avait Karkaroff et puis tous ces préparatifs pour les tâches du tournois mettaient la pagaille dans le collège. En plus de ça, sa marque recommençait de plus en plus à se faire sentir et Severus, tout comme tous les mangemorts, savait que ça ne présageait rien de bon…

Bien entendu, il savait parfaitement qu’il n’était jamais passé de vie à trépas… Le seigneur des ténèbres… Mais le ministère s’était trop reposé sur ses lauriers et à présent, d’après ce qu’il avait pu comprendre des rares informations que laissait filtrer Dumbledore, le ministre ne voulait pas entendre parler d’un quelconque retours de mage noir… Et encore moins de leur chef. Jamais encore Severus n’avait tant ruminé à propos du ministère mais il s’arrangeait pour le faire loin des oreilles de ceux qui étaient potentiellement capables de le dénoncer et donc de lui apporter des ennuis…

Pas du genre a se laisser aller, alors qu’il était devant le miroir de sa salle de bain personnelle au collège, encore seulement vêtu de sa serviette de toilette nouée autours de la taille, les cheveux humides collés sur le front, Severus songeait qu’il avait encore les bons coté du fait d’être enseignant, il avait ses petites compensations… Comme par exemple les ‘‘chouchous’’ qu’il avait dans chaque années et le malin plaisir qu’il avait à les privilégier lorsqu’ils ne faisaient pas partit de sa maison… Il en riait parfois des jours durant… Bien entendu, loin des yeux et des oreilles de tous, il ne fallait pas qu’il ruine sa réputation de salaud sans cœur et sans compassion. Severus devait encore tenir son rôle d’agent double et il n’en n’était que trop conscient.

Le professeur se sécha intégralement d’un coup de baguette, fainéantise peut-être, et s’habilla. Bien que la semaine soit terminée, il n’avait pas de temps a perdre et avait toujours détesté paresser au lit, même un samedi matin. Pour quoi faire de toutes façons ? Il y était seul et s’y ennuyait bien vite. Aussi, s’il voulait prendre de l’avance dans les futurs cours, les futurs contrôles et les corrections, il devait s’y prendre de bonne heure, sachant d’avance qu’il attraperait vite mal à la tête face aux nombreuses imbécilités que certains pouvaient sortir en moins de deux phrases.

Après un rapide passage dans la grande salle, pourtant vide et calme en cette heure matinale, Severus retourna se cacher dans son bureau et commença son travail. Ce fut long et ennuyeux et tel un gamin, il fut heureux de voir midi arriver pour avoir un bon prétexte afin de faire une petite pause. Malheureusement, puisqu’il n’aimait pas le bruit ni la foule, il déchanta vite une fois à table… Il ne pensa qu’à une chose, retourner dans le calme et la solitude de ses cachots. Bien que le repas ne dure qu’un temps normal, il lui paru interminable et les bavardages incessants des autres professeurs (Albus était miraculeusement absent) n’aidèrent pas aux pauvres devoirs des élèves de deuxième année qu’il corrigea ensuite, son humeur étant massacrante…

Au fur et à mesure, il se calma, les devoirs de certains élèves bien plus doués lui passant sous les yeux, il sourit même, à la fois sarcastique et amusé par le nombre d’informations supplémentaires rajoutées sur le devoir de miss Granger qui en faisait toujours beaucoup plus que ce qu’il n’en demandait (et pourtant il n’était jamais du genre a en demander le minimum) surement par crainte de ne pas en avoir assez dit ou bien de lui laisser le moindre prétexte pour lui retirer des points. Le repas du soir fut tout aussi difficile a supporter, bien qu’il ait finalement passé la moitié de son après midi à lire un roman passionnant. Juste avant de le laisser quitter la table, Albus, qui était là cette fois-ci, lui fit discrètement savoir qu’il voulait le voir le plus tôt possible au quartier général et il était partit sans autres explications…

Severus, qui eu du mal à se débarasser de Karkaroff, de plus en plus inquiet par le retours des brulures sur sa propre marque, dû malgré tout attendre une heure supplémentaire pour sortir de ses appartements et filer à l’Anglaise hors du château, faisant un grand détours dans le parc pour ne pas passer devant le bateau des Bulgares et donc ne pas prendre le risque que Karkaroff ne le voit se faufiler dans la nuit déjà bien installée.

Il n’était pas encore vingt-et-une heure lorsqu’il arriva au quartier général de l’ordre du phénix. Une résidence de Dumbledore, s’était tout ce qu’il savait à ce sujet. Il ne savait même pas précisément où elle se trouvait, Albus étant le gardien du secret pour protéger leur quartier général. Le seigneur des ténèbres utilisant le même procédé… Arrivé devant la maison qui avait l’air des plus banales, perdue au milieu de la nature la plus complète, Severus ne perdit pas de temps à y pénétrer afin de ne pas faire attendre Dumbledore trop longtemps car, puisqu’il avait dû lui-même attendre une heure de plus au collège, il en était persuadé, Albus serait déjà là, dans le salon, à l’attendre patiemment…

Mais lorsqu’il entra dans le dit salon, il n’y vit pas le regard pétillant du vieil homme posé sur lui. Tournant la tête pour voir s’il n’était pas ailleurs dans la pièce, il n’y vit que les meubles et d’un coup de baguette, alluma la lampe afin d’y voir plus clair… Mais rien… Personne…

« Dumbledore ?! »

Severus lança un sortilège dans le vide et dû rapidement se rendre à l’évidence, il était tout seul dans la maison… Soupirant, il rangea sa baguette et fini par prendre place au beau milieu du canapé, l’air revêche, les bras et les jambes croisées, sachant par avance que plus il attendrait et plus il serait de mauvaise humeur…

[HJ : Désolée du retard, j'ai eu beaucoup de mal pour commencer mon rp et par en être satisfaite...]

Remus était perplexe en ce jour. Il pensait à cette petite l'autre jour qu'il avait rencontré. Il ne faisait aucun doute qu'elle l'avait attendri mais il ne savait pas si c'était bon pour elle qu'elle le revoit. Plongé dans ses pensées, il se trouvait chez lui, dans son modeste appartement situé dans un quartier plutôt modeste du Londres moldu. Dans un endroit où peu de monde se rendait compte de la cicatrice qui lui barrait le visage pour la simple et bonne raison qu'ils étaient plus occupés à aller vite se retrouver seuls chez eux en sécurité plutôt que de rester dehors à traîner plus longtemps que nécessaire.

Le lycan baissa le livre qu'il avait dans les mains. Cela faisait environ une demie-heure qu'il essayait de lire mais n'ayant pas avancé d'un pouce depuis trente minutes, cela ne servait à rien de continuer. Ses pensées étaient évadées t il relisait la même phrase au moins une bonne trentaine de fois sans en rien comprendre dans le sens. Il aurait bien été faire une partie d'échecs avec l'un de ses amis mais il n'en avait pas vraiment envie non plus. Et puis ce n'était plus très amusant quand on gagnait à chaque fois. A la longue, Remus faisait exprès de perdre pour que ses amis ne se sentent pas trop mauvais face à lui qui gagnait toujours à ce jeu de stratégie. Quoiqu'il se demandait s'ils ne se doutaient pas un peu qu'il les laissait gagner. D'habitude, il lui arrivait de jouer seul aussi chez lui aux échecs.

Il se leva, déposa son livre sur la table devant lui et se dirigea vers la fenêtre du salon – et aussi pièce principale de son appartement. Il contenait un coin cuisine et la chambre se trouvait en-dehors. La chambre n'était pas très grande mais juste assez pour que tiennent un lit normal et une armoire côte à côte. Remus traversa donc le salon pour s'arrêter devant la fenêtre et il souleva le rideau pour regarder à l'extérieur. Le soleil avait montré quelques-uns de ses rayons au lever du jour mais les nuages étaient arrivés peu après pour assombrir la ville. Cela avait inévitablement tendance à détendre sur l'humeur des gens.

Remus laissa échapper un soupire. Et avec le ministère de la magie qui ne voulait pas entendre parler d'un quelconque retour de mage noir, cela ne pouvait pas s'arranger. Même si le lycan comprenait que l'on puisse avoir peur, mais tomber dans l'aveuglement – car ça en était – n'était pas la bonne solution. Enfin, cette année à Poudlard, avait lieu le tournoi des 3 sorciers. C'était une belle opportunité pour les élèves... Du spectacle bien que pouvant être très dangereux. Lorsqu'ils étaient eux-mêmes à Poudlard, James et Sirius auraient tué pour que le Tournoi ait lieu pendant qu'ils y étaient. Enfin, tuer était une façon de parler.

Il décida d'un seul coup de sortir un peu de chez lui pour s'éclaircir un peu les idées. S'enroulant dans sa veste, il sortit dehors, verrouilla son appartement et se retrouva sur le trottoir où il se mit à marcher. Il ne savait pas trop où aller ; il errait plutôt sans but. L'avantage est que, malgré les nuages, il ne pleuvait pas. Il marchait, les mains dans les poches et ne se rendit pas compte lorsque ses pas le portèrent à l'adresse du QG de l'Ordre. Il ne savait pas précisément où elle se trouvait ; il transplana tout simplement à l'adresse que Dumbledore leur avait dit. Il en prit conscience lorsqu'il aperçut la maison au loin entre deux arbres. Il décida d'y entrer. Peut-être qu'il y avait du monde avec qui il pourrait discuter un peu avant de rejoindre son appartement silencieux.

Une fois dans la maison, il ne vit personne. Aussi se rendit-il dans le salon et sortant un vieux jeu d'échecs en fouillant les armoires, il prit place dans le canapé et commença à sortir les pièces pour les placer sur le jeu. C'était un jeu sorcier mais il préféra les figer pour y jouer à la moldue. Et puis, dans les jeux d'échecs sorciers, il trouvait les pièces assez capricieuses – expressément quand elles perdaient. Remus joua ainsi pendant deux bonnes heures sans discontinuer et remporta trois victoires. Repoussant le jeu sur la table, il se leva et alla faire un tour dans la maison avant de revenir dans le salon pour lire un bouquin qu'il avait trouvé à l'étage. Il commençait à se dire qu'il allait retourner chez lui s'y enfermer pour le soir parce qu'il était bien probable que la maison ne reçoive aujourd'hui aucune visite. Pas même Dumbledore qui devait sûrement avoir eu une journée chargée sans pouvoir passer ici...

Il se leva alors, s'étirant pour être sûrement resté trop longtemps assis dans à la même place, et se rendit à la cuisine. Il se figea tandis qu'il percevait le bruit de la porte d'entrée s'ouvrir et dirigea son regard sur le porte. Il n'avait pas allumé la lumière alors personne ne saurait qu'il y avait quelqu'un. C'était sûrement quelqu'un de l'Ordre... Ou alors Dumbledore. Il se rapprocha à pas de loup de la porte de la cuisine avant d'entendre une voix... Une question plutôt et il reconnut la voix de Rogue. Vraisemblablement il s'attendait à trouver Dumbledore. Or, Remus était bien placé pour savoir que Dumbledore n'était même pas encore passé ici. Il avait joué aux échecs tout seul pendant plusieurs heures avant de prendre la décision finalement de rentrer chez lui. Il entra de nouveau dans le salon et visualisa Severus assis dans le canapé plus loin et lâcha d'un ton calme et neutre : « Si vous aviez rendez-vous, je suppose qu'il ne tardera pas à arriver. En tous cas, je ne l'ai pas encore vu. » Ces mots laissaient d'eux-mêmes entendre qu'il ne venait pas d'arriver et qu'il l'avait ainsi entendu appeler Dumbledore. Bien que cela aille de soi qu'il n'ait jamais recherché à l'espionner.

Bien qu’il n’apprécie pas tellement de devoir se rendre au quartier général selon le bon vouloir de Dumbledore, Severus ne pouvait pas non plus nier que quelque part, quitter un peu le collège ne lui faisait pas de mal, bien au contraire. D’abord cela l’éloignait de cet endroit toujours plein de monde où le seul lieu qui lui soit solitaire était son bureau et ses appartements. Ensuite, avec Karkaroff qui le suivait partout comme un petit chien, il serait heureux que Dumbledore constate à voix haute qu’il était fort étrange que le directeur de l’institut Durmstrang soit encore en vie à l’heure actuelle. Il mettait les nerfs du professeur de potions à rude épreuve et le brun n’était même pas sur que l’ancien mangemort s’en rende réellement compte.

C’est donc persuadé qu’Albus l’attend de pied ferme, tranquillement installé dans le fauteuil le plus confortable du salon, que Severus arrive au quartier général de l’ordre du phœnix et appelle le vieil homme à la cantonade. Après un coup d’œil dans le dit salon, le professeur se rendit compte qu’Albus ne s’y trouvait pas. Severus retint alors un soupire d’agacement en se rendant compte que le directeur n’était pas encore arrivé ce qui signifiait donc qu’il devrait l’attendre sur les lieux. Quelque part, c’était une bonne chose, lui qui n’aimait pas être en retard ne serait-ce que d’une seconde, au moins le directeur ne pourrait pas lui reprocher de ne pas être à l’heure et sait-on jamais, peut-être que s’il devait l’attendre trop longtemps, il pousserait le vice jusqu’à faire croire à Dumbledore qu’il était réellement arrivé à l’heure à leur rendez-vous et donc qu’il attendait depuis plus longtemps qu’en réalité.

Prenant donc sur lui de prendre son mal en patience, Severus pris place dans le canapé, croisant les bras et les jambes, prêt a attendre le vieil homme de pied ferme et à s’énerver à la moindre seconde de retard supplémentaire qu’il avait par rapport à lui. Il ne s’attendait pas cependant à ce que le visage qu’il voit arriver en premier ne soit pas celui du directeur mais un visage bien plus jeune… Le visage de Remus Lupin et comme il ne l’avait pas entendu rentrer, c’était forcément qu’il était arrivé avant lui.

« Si vous aviez rendez-vous, je suppose qu'il ne tardera pas à arriver. En tous cas, je ne l'ai pas encore vu. »

Vous ?! Et depuis quand Lupin le vouvoyait-il ? C’était sans doute une nouvelle lubie du lycanthrope qui n’avait rien trouvé de mieux à faire pour être encore plus irréprochable dans son comportement. Ils n’étaient pas amis, c’était une chose que tout le monde savait, mais ils avaient le même âge et avaient été au collège ensemble alors Severus avait l’habitude que Lupin le tutoie et d’ailleurs, lui-même, ne vouvoyait pas les élèves de sa promotion… Enfin les rares qu’il croisait encore sur son chemin et à qui il adressait la parole. Severus s’apprêtait à lui en faire remarque d’une manière bien sarcastique histoire de passer ses nerfs sur le pauvre premier innocent qui passait par là lorsqu’il se rendit compte que le « vous » ne le concernait pas uniquement…

Pour un peu, et s’il n’avait pas été certain que Lupin n’avait rien pu deviner de la suite de ses pensées, Severus s’en serait bien tapé la tête sur le sol pour avoir été aussi stupide dans son raisonnement. Cependant, même s’il était le seul à savoir son erreur totalement idiote, il pouvait encore mettre ça sur le compte de la fatigue, de l’énervement ou encore même sur la vie tout simplement qui était décidément bien assez compliquée comme ça.

« En tous cas, je ne l'ai pas encore vu. »

« Tu te répètes Lupin… »

S’ils n’avaient pas été du même âge, il aurait bien ajouté que c’était surement la vieillesse mais il n’allait quand même pas s’insulter de vieillard tout seul par l’intermédiaire de ses propres attaques. Severus ne se demanda pas de qui l’ancien Gryffondor parlait ni même comment il savait qu’il attendait le directeur puisque c’était forcément lui qui s’était trahi en appelant le vieil homme lorsqu’il était entré. Il pensait en rester sur cette note joyeuse qui le mettait légèrement de meilleure humeur mais il fut soudainement pris de curiosité.

« Tu avais aussi rendez-vous avez Dumbledore ? »

Ou comment essayer de savoir plus ou moins discrètement ce que Lupin faisait dans le quartier général, apparemment tout seul… Ah… Il n’était peut-être pas tout seul…

« Black est là aussi ? » Demanda-t-il en jetant un bref coup d’œil derrière Lupin pour voir si Black n’était pas planqué derrière lui mais il ne fit personne.

Si c’était un traquenard organisé par Albus pour tenter une réconciliation ou allez savoir quoi d’autre dans ce genre là, il partirait sur le champ, pas qu’il ait peur qu’on le traite de lâche mais il n’avait pas envie d’ajouter en plus de tout le reste, une altercation avec Black dans sa journée.

… En effet il ne l'avait pas du tout vouvoyé et s'il avait connu la contenance de ses pensées, Remus n'aurait pas manqué de lui faire remarquer. Ce serait ridicule de vouvoyer quelqu'un qui avait le même âge que nous n'est-ce pas ? Même pour Remus qui était une personne toujours polie peu importe les circonstances. Et même avec les personnes qu'il n'appréciait que modérément. Non, en fait il avait utilisé la seconde personne car le vous incluait à la fois Severus et Dumbledore. Etant donné qu'il l'avait entendu appeler le vieux mage, il était donc logique que c'était lui qu'il attende, qu'ils avaient rendez-vous ensembles. Ou alors, il s'attendait juste à le trouver... L'exclamation de Rogue lui avait donné l'impression que c'était Dumbledore qu'il s'attendait à trouver.

Remus ne se sentait pas vraiment à son aise et chaque silence lui paraissait bien pesant, aussi se mit-il à attendre avec impatience qu'il lui réponde enfin. Déjà que le pauvre Remus n'était pas forcément très doué pour démarrer les conversations mais alors imaginez-vous en face de Severus Rogue. Il faut bien le dire il ne semblait pas non plus très loquace en paroles. Quoiqu'il valait mieux ne pas être très loquace mais réfléchir avant de parler – une chose que Sirius ou James avaient rarement l'habitude de faire. Même Remus n'avait pu, en cela, être leur conscience et leur apprendre à réfléchir avant d'agir alors. Ce soir-là, le lycan aurait dix fois plus préféré tomber nez-à-nez avec Nymphadora... Au moins, avec elle il lui était plus facile de lier conversation et il faut bien le dire, il aurait été bien plus à l'aise pour parler avec la jeune femme qu'avec Severus Rogue, ce dernier donnant toujours l'air de s'être levé du pied gauche.

D'ailleurs, il ne fit pas attention à sa prochaine réplique et préféra ne pas y répondre. En fait, il avait voulu dire autre chose mais son cerveau s'étant trouvé momentanément vidé, il avait dû combler le vide ainsi créé. Guère étonnant. Franchement, il y avait mieux que Severus Rogue pour rompre le mur de glace qu'il semblait y avoir entre eux et ainsi trouver les mots pour engager une conversation intelligente. Et pardonnez-moi des propos, le professeur des Potions avait tendance à ne pas être d'une très bonne source d'inspiration pour notre bon Lycan. Il glissa les mains dans ses poches tandis que Rogue lui demandait s'il avait rendez-vous lui aussi avec Dumbledore. Il n'était pas certain de vraiment vouloir répondre à la question posée. Même s'il devait fortement s'en douter, il n'avait aucune envie d'avouer devant lui qu'il s'ennuyait en fait chez lui et qu'il était juste venu ici pour trouver un peu de compagnie.

Et quelle compagnie, voici qu'il tombait sur Rogue... Quelle chance... Il était mal tombé pour faire la conversation avec lui ! Déjà que c'était l'un de ses principal problème à l'origine mais alors là c'était pire... D'ailleurs, il espérait que Dumbledore n'ait pas, par quelque lubie, eu envie de rabibocher les deux anciens camarades d'école. Non parce que c'était peine perdue à l'avance... Remus admirait beaucoup l'homme, mais si telle avait été son intention, il avait dû trop abuser sur la citronnelle.

« Sirius n'est pas là non. » répondit-il non sans tiquer légèrement tandis qu'inconsciemment il insistait sur le prénom de son ami. Enfin, il ne pouvait pas lui en vouloir sur ce détail de toutes façons puisque Sirius lui-même le désignait par son nom de famille. Ce n'était pas un acte à sens unique et Severus n'était pas celui qui l'avait forcément commencé. D'un certain côté, il était rassuré que Sirius ne soit pas là. Il n'avait pas envie d'être celui au centre d'eux à essayer encore de jouer l'arbitre. Cela faisait longtemps qu'il était lasse de ce jeu. Ils étaient grands non ? Où était la nécessité de se taper dessus ou de s'injurier chaque fois qu'ils se voyaient ? Il avait essayé à plusieurs reprises de parler à Sirius de cela ces dernières semaines mais c'était comme vouloir parler à un mur.

« Je suis seul et n'avait aucun rendez-vous avec Dumbledore ce soir non, ou alors il a omis de m'en faire part...  Je suis ici de ma seule volonté. » ajouta t-il d'un ton calme avant de reprendre, dans l'intention seule de faire un effort de son côté pour paraître au moins aimable... « Il y a du thé de prêt dans la cuisine si tu le souhaites, pour patienter... »

« Sirius n'est pas là non. »

Severus arqua un sourcil lorsqu’il remarqua le fait que Lupin insistait sur le prénom de son ami. Que croyait-il ? Qu’il allait l’appeler par son prénom peut-être ? Et en quel honneur alors que ce sale cabot s’acharnait à l’appeler par les surnoms ridicules qu’il lui avait si aimablement trouvé durant leur scolarité ? Severus trouvait même que pour sa part, il faisait preuve d’une grande politesse de l’appeler par son nom de famille.

Severus préféra finalement ne pas relever sur le sujet. Black n’était pas là, ça n’était donc pas un traquenard et cela le rassurait. Black avait tout de même essayé de le tuer lorsqu’ils avait quinze ans, alors il trouvait normal de se méfier de lui car maintenant qu’ils étaient adultes, il était persuadé que Black sauterait sur la première occasion pour avoir une bonne raison de mettre fin à ses jours. Mais ça, il ne le disait à personne étant donné qu’Albus ne voulait pas y croire et traitait pratiquement Severus de parano aux idées tordues… Cela n’étonnait pourtant pas le professeur de potion, après tout, en soixante-quinze, il n’avait pas voulu croire que Black avait fait exprès de lui dire comment se retrouver nez à nez avec un loup-garou pendant la pleine lune… D’ailleurs en parlant de loup-garou, il avait en réalité une trouille bleue dès qu’il se retrouvait en présence de l’un d’eux, même hors pleine lune. Et il bénissait Merlin tous les jours d’être un excellent occlumens afin de pouvoir le cacher aux yeux de tous… Mais lui, il savait ce que deviendrait son épouvantar si jamais il avait la mauvaise idée d’apparaitre devant lui… Parce que la plus grande peur de Severus depuis l’âge de quinze ans, c’était les loup-garou… En même temps c’était normal, il avait vu sa vie défiler ce jour là… Et ça avait été la première fois que ca avait été le cas.

Plus d’une fois, Severus avait songé à son aversion pour les maraudeurs et il avait vite compris qu’elle n’était pas la même pour chacun d’entre eux. Ceux qu’il détestait réellement sur les quatre, c’était Black et Potter chacun pour des raisons différentes. Pettigrow ne lui inspirait que du dégout et du mépris, il aurait d’ailleurs été ravis de pouvoir l’écraser comme un vulgaire cafard mais il aurait eu des ennuis. Quand à Lupin… Et bien avant de découvrir son secret, il lui inspirait une certaine curiosité et ensuite et bien il lui avait fait peur… Souvent il s’était trouvé stupide d’avoir peur de Lupin, lui qui, en temps normal, ne ferait pas de mal à une mouche… Mais le soucis était là, à chaque fois qu’il voyait Lupin depuis près de vingt ans, il ne pouvait s’empêcher de se rappeler de cet unique soir où il l’avait vu sous sa forme de lycan… Et ça… Quand en plus il se mettait à songer qu’il aurait perdu la vie sans cette enflure de Potter, et bien ça lui foutait les pétoches. Même maintenant qu’il avait trente-cinq ans… Et il s’en voulait pour ça, il s’en voulait de ne pas savoir passer par-dessus ces vieilles craintes, seulement de savoir les cacher.

« Je suis seul et n'avait aucun rendez-vous avec Dumbledore ce soir non, ou alors il a omis de m'en faire part... Je suis ici de ma seule volonté. »

Severus, qui était déjà plus petit en taille que Remus (et même que Sirius malheureusement) se sentant diminué dans son canapé, se leva pour paraitre plus imposant. C’était sans doute stupide mais il se sentait moins vulnérable ainsi. Il était rassuré par le fait que Dumbledore n’ait pas eu l’idée saugrenue de jouer les entremetteurs en quelques sortes afin que ces deux là puissent essayer de s’entendre et qui sait, devenir amis. C’était une chose impossible. De son coté, Severus en avait peur même s’il ne l’avouerait pour rien au monde et il était persuadé que malgré ses airs conciliateurs, il dégoutait Lupin autant que tout les autres a cause de ce qu’il avait fait par le passé.

« Pour une fois qu’il ne se mêle pas de ma vie… » Marmonna-t-il alors en pensant tout haut.

Bien entendu il faisait référence à Dumbledore et à sa fâcheuse tendance à s’incruster dans son univers et à essayer de le moduler à sa guise, comme si le fait qu’il lui ait promis de jouer les petits soldats bien disciplinés et qu’ainsi il puisse faire joujou avec sa vie ne lui suffisait pas.

« Il y a du thé de prêt dans la cuisine si tu le souhaites, pour patienter... »

Severus allait répondre vivement qu’il préférait mourir - ou du moins attendre seul - lorsqu’il se ravisa… Il était persuadé que ça n’était pas par gaité de cœur qu’il l’invitait ainsi à boire un thé en sa compagnie mais plutôt parce que Lupin ne pouvait pas s’empêcher d’être courtois envers tout le monde…

« Pourquoi pas… » Répondit-il platement.

Il n’attendit pas plus longtemps pour se diriger vers la cuisine, se faisant, il fut bien obligé de passer à coté de Lupin et bien qu’il se raidit un peu plus, rien d’autre ne vint trahir la tension qui l’avait prise en traitre malgré lui. Il se rendit ensuite dans la cuisine et attend un instant sans trop savoir quoi dire. Il n’avait jamais été très à l’aise pour engager ou tenir une conversation et généralement il s’y prenait comme un pied… Alors si en plus il fallait qu’il le fasse avec quelqu’un qui ne l’appréciait pas et qu’il n’appréciait pas plus que ça non plus, même s’il avouait dans son fort intérieur qu’Albus avait raison lorsqu’il disait qu’ils ne savaient pas s’ils pouvaient s’apprécier ou non puisqu’ils n’avaient jamais essayé de faire réellement connaissance.

Et puis Severus ne se voyait pas rester silencieux non plus parce que ce genre de silence mettait généralement mal à l’aise et il n’aimait pas ça comme n’importe qui sans doute. Mais il avait beau se triturer les méninges, il ne savait pas par où commencer ni quel sujet aborder pour que ça ne vire pas directement aux règlements de compte. Il n’allait pas parler de la vie privée de Lupin qui ne le regardait absolument pas. Et il n’allait encore moins parler de son absence de vie privée à lui… Aborder le sujet Maraudeur était totalement proscrit et à part ça… Ils n’allaient quand même pas se remémorer le ‘bon vieux temps’ du collège… Severus trouva enfin un sujet agréable à aborder et il était sur que Lupin serait même content en entendant ce qu’il aurait à lui dire parce que ça n’était pas des insultes, loin de là. Il aurait bien voulu avoir l’air parfaitement naturel et détendu mais ça n’était pas le cas, tant pi, il ferait avec.

« Ta filleule fait plus d’un jaloux en cours… Ces imbéciles ne comprennent pas pourquoi je lui fiche la paix alors qu’elle est à Gryffondor… »

Severus s’amusait tout simplement à ‘élire’ un petit préféré par année. Officieusement bien sur. Il avait pris pour habitude, en début d’année, de repérer celui ou celle qui aurait une prédisposition dans sa matière et par la suite, il le privilégiait aux yeux des autres. C’était plutôt distrayant, particulièrement lorsque ce chouchou en question ne faisait pas partit de la maison Serpentard. Camélia faisait partit de ses petits préférés, au même titre qu’Hermione Granger d’ailleurs. Mais toutes deux avaient réellement de belles prédispositions en cours de potions.

« Elle est douée… » Expliqua-t-il en mettant un sucre dans un tasse avant de se servir un thé. « Comme sa mère. »

Si Severus avait été amoureux puis avait eu beaucoup de rancune envers Lily, ça n’était plus le cas à l’heure actuelle. Bien entendu personne ou presque ne savait tout ce qu’il avait pu ressentir pour son ancienne amie, mais il préférait ça. Même Albus avait la discrétion de ne pas trop l’ennuyer à ce propos, et pourtant ça n’était pas son genre de ne pas s’intéresser justement à ce qu’il ne fallait pas.

Ayant déjà pris un thé il y avait deux heures de cela, ce n'était pas vraiment pour lui qu'il lui avait proposé de prendre du thé. Premièrement – et c'était surtout pour cette raison-là – il n'avait aucune envie de lui imposer sa présence plus que nécessaire car il savait qu'il ne le portait pas dans son cœur – et comment le contraire se pourrait-il alors qu'il avait pour meilleurs amis ceux qui avaient été ses 'tortionnaires' durant nombre d'années? Il ne pouvait pas en demander trop et assurément, il ne serait pas 'invité' à prendre le thé avec lui, comme si rien n'avait existé. Mais il n'en restait pas moins qu'ils avaient une personne en commun, cette personne n'étant autre que Lily.

Elle avait été la première à une époque à voir que les apparences étaient trompeuses pour lui et elle avait bien vite deviné qu'elle était son 'problème'. Elle était très intelligente. Exceptionnellement intelligente... Un peu comme d'Hermione Granger qui était d'ailleurs elle aussi d'origine moldue. Enfinn, en l'occurrence là c'était plutôt Hermione qui était comme Lily étant donné qu'elle était la plus jeune. Quoiqu'il en soit, pour cette raison, comme Severus Rogue avait été lui aussi amie avec Lily et étant donné qu'ils étaient parvenus à se réconcilier, Remus se disait qu'elle avait également trouvé du bon en lui... Il n'avait aucun doute en cela. Et puis, Dumbledore ne lui faisait-il pas confiance ? Il n'arrêtait pas de leur répéter qu'il était de leur camp, qu'on pouvait lui faire confiance...

Remus accordant beaucoup de crédit à l'opinion de Dumbledore, il le croyait.

Alors qu'il se demandait justement quel autre sujet de conversation aborder, il entendit la réponse de Severus qui fut « pourquoi pas » et il la laissa passer devant lui pour se rendre à la cuisine. Le lycan pressentit comme une légère tension sur l'ex-Serpentard lorsqu'il le dépassa, comme si le croiser ne le mettait pas à l'aise et intérieurement il pensait en connaître la raison ; il ne pouvait évidemment l'en blâmer. Il hésita quelques temps avant de décider de le suivre, incertain de la conduite à venir. Il aurait préféré d'un côté rester ici... C'est en restant respectivement quelques mètres derrière qu'il le suivit mais il s'immobilisa à l'entrée de la pièce, glissant les mains dans les poches. Il avait l'impression que Severus, autant que lui, tentait de rechercher un sujet de conversation à aborder. Difficile... Surtout entre deux handicapés de vie sociale comme ils l'étaient. Parce qu'il ne faut pas se le cacher, ils sont autant doués l'un comme l'autre en ce qui concerne les relations sociales. Bon d'accord, ayant eu Sirius et James comme exemples (encore que, est-ce vraiment un exemple?), Remus possède une petite longueur d'avance...

Il choisit un sujet neutre de conversation et sur lequel ils pouvaient très bien s'entendre. Non ce n'était pas le sujet 'Lily' mais presque : la filleule de Remus, surnommée Camélia. La fille de James et Lily. En effet, ils ne pouvaient que bien s'entendre sur ce sujet. Remus se sentit emplit d'un sentiment de fierté lorsqu'il parla en termes positifs de la jeune fille et il ne put empêcher un sourire de naître sur son visage. « Je suis heureux qu'elle ait hérité de l'intelligence de sa mère.. » Non ce n'était pas un critique envers James hein ! Enfin, pas de la part de Remus en tous les cas. Mais il fallait bien avouer que Lily avait toujours été meilleur en potions que James. Elle était meilleure en beaucoup de choses d'ailleurs... « Heureux d'apprendre qu'elle fait la fierté de Gryffondor... »

Remus l’avait finalement suivit à la cuisine, curieusement comme le pensait Severus, lui qui croyait que le lycan sauterait sur la première occasion pour ne plus être obligé de le supporter lui et sa mauvaise humeur… Mais Severus ne fit pas de commentaire. Il n’était pas chez lui (et d’ailleurs il imaginait très mal le maraudeur venir lui faire une petite visite de courtoisie à son domicile) et il ne pouvait donc pas empêcher Lupin de faire ce qu’il voulait. Lorsqu’il était passé devant lui, il s’était maudit une fois de plus de ne pas avoir réussit à empêcher ce raidissement spasmodique de tout ses muscles, comme si son inconscient s’attendait à ce que Lupin lui saute dessus à la première occasion. Il se doutait bien que Remus avait conscience de ça, mais jamais encore il ne le lui avait fait remarquer. Par discrétion sans doute. Il y avait fort à parier que si Black avait eu conscience d’une telle chose, il ne se serait certainement pas gêné pour le lui faire savoir. Au moins, Lupin était civilisé… Et il fallait que ça soit lui qui lui fasse le plus peur des quatre maraudeurs alors que c’était pourtant celui qui l’avait le moins ennuyé dans leur scolarité et même après.

Il s’était donc rendu dans la cuisine et n’avait pas attendu avant de se servir une tasse de thé, se demandant si Dumbledore aurait beaucoup de retard puis il s’évertua à chercher un sujet de conversation qui ne leur permettrait pas de se sauter à la gorge tout de suite. Remus faisait des effort pour être civilisé avec lui, il le voyait bien, alors il avait curieusement décidé de lui rendre la pareille et de faire des efforts également pour trouver de quoi discuter un peu en attendant le vieil homme. L’ennuis était là, ils n’avaient pas grand-chose en commun à première vue, si ce n’est des mauvais souvenirs et à quoi bon l’accuser d’avoir voulu le tuer voila de cela vingt ans ? Ca n’avait plus de sens à présent et puis Severus avait l’habitude qu’on essaie de le tuer finalement. Cependant, il mettait un point d’honneur à meubler un peu ce silence qu’il trouvait pesant et oppressant. Et puis il trouva un sujet qui, il l’espérait, ne les entrainerait pas trop vite sur une pente glissante, Camélia…

Camélia, la fille cadette de Lily et Potter. Elle faisait partit de ses chouchous si appréciés par le professeur car ils lui permettaient de s’amuser un peu aux dépends de ses élèves, et en plus, ce qui ne gâchait rien du tout, ils étaient doués en potions. Camélia était la chouchoute des quatrième année de cette promotion, au même titre qu’Hermione Granger était celle des cinquième année. Deux Gryffondor sur deux promotions se suivant… Severus trouvait ça magnifique… Mais Camélia était également la filleule de Remus. Lily et Potter avaient mis Black parrain de leu fils et c’était Lupin qui était devenu le parrain de leur fille. Aussi, Severus pensait ne pas se tromper s’il complimentait Camélia devant le maraudeur qui serait sans doute fier des résultats de sa filleule, a plus forte raison parce qu’il connaissait le coté très stricte de Severus et le haut niveau qu’il attendait de ses élèves durant les cours.

« Je suis heureux qu'elle ait hérité de l'intelligence de sa mère.. »

Oui oh… Si on voulait… Potter aussi était doué au collège, il ne pouvait pas le nier, même s’il ne le reconnaitrait à voix haute qu’avec une extrême difficulté. Il préféra ne pas relever la remarque. Lui ? Complimenter James Potter même sans en avoir l’air ? C’était hors de questions.

« Heureux d'apprendre qu'elle fait la fierté de Gryffondor... »

Severus eu un sourire à la fois moqueur et amusé en entendant une telle chose. Puis après avoir bu une gorgée de thé, il se mis en devoir d’expliquer son raisonnement à Lupin d’une voix calme.

« La fierté de Gryffondor ?! Je ne dirais pas ça étant donné le nombre d’élèves qui la jalousent… Mais ils n’osent pas trop le lui faire savoir… Ils ont peur que je leur tombe dessus… Comme avec les autres d’ailleurs… »

C’était les avantages sans les inconvénients d’être le chouchou d’un professeur qui ne cachait pas aux autres qu’il avait ses préférés… Bien sur il y avait eu quelques dérapages mais Severus avait alors fait des exemples et les dérapages s’étaient vite fait plus rares… Particulièrement parce que lorsqu’on répétait les punissions qu’il infligeait, on avait tendance à les exagérer.

« Tous les ans… J’en repère un qui sort du lot… Autant te dire qu’il est follement amusant de voir ces prétentieux de Serpentard se décomposer face aux compliments et aux points que j’accorde à ces exceptions… Particulièrement lorsqu’il s’agit des Gryffondors tu t’en doutes… »

Severus avait de l’humour… un humour bizarre c’était surement vrai mais il en avait. Bien sur ça passait généralement pour un sadisme moqueur mais lui ça l’amusait…

Fort de sa discrétion légendaire, Remus n'entra pas dans la cuisine à vrai dire. Il demeura à l'entrée, sur le pas de la cuisine, se laissant une chance de ressortir plus vite. Cela lui laissait une opportunité de se rétracter et revenir rapidement vers la salle s'il sentait sa présence trop gênante. Ce n'était pas que rester dans la même pièce avec Severus Rogue le dérangeait – Enfin, si d'ailleurs... - mais il ne voulait surtout pas l'importuner plus que nécessaire. Il ne savait même pas pourquoi il l'avait suivi. Enfin si, il lui avait posé une question... Non parce que ce serait juste un peu étrange d'entendre Rogue lui parler de Camélia dans la cuisine alors que Remus se trouvait dans le salon. D'accord, ils n'étaient pas les meilleurs amis, mais ils pouvaient quand même se supporter dans la même pièce, n'est-ce pas ? Remus n'était ni James ni Sirius... Il n'entretenait pas la même relation – pour peu que l'on puisse attribuer ce nom à leur 'relation' très complexe.

Remus glissa les mains dans ses poches, restant silencieux et observant Rogue se servir une tasse de thé. Il n'en voulait personnellement pas, en ayant déjà pris il y avait seulement vingt minutes et s'il continuait ainsi il allait tourner en thé vu la dose qu'il absorbait chaque jour. En clair, il avait presque que cela dans ses placards. Forcément, la boutique où il se servait faisait très souvent de grandes promotions : trois pour le prix et le prix restait toujours modeste. Bref, revenons à nos moutons... Peut-être n'était-ce pas une bonne idée de rester ici ? Peut-être allait-il penser qu'il le faisait exprès pour le mettre mal à l'aise... ? Oh, promis ce n'était nullement son intention. Or, il le sentait bien... Sinon pourquoi son cœur semblait battre un peu plus vite quand il passait à côté de lui ? Bon d'accord, le cœur de Nymphadora semblait battrait lui aussi battre assez vite quand il la croisait mais, les deux cas étaient évidemment bien différents... Rogue c'était presque de la peur, si, si ! Il semblait toujours sur ses gardes, comme s'il pensait qu'il allait l'attaquer... Pourtant Remus ne faisait jamais rien. Sur ces pensées, Remus s'apprêta à faire demi-tour...

Attendez, venait-il de penser que le cœur de Nymphadora s'emballait chaque fois qu'il se trouvait à côté ?! Il avait certainement dû prendre quelques substances hallucinogènes. Sûrement ! Quoiqu'il en soit, il fit- barrage à de telles pensées qui ne devraient même pas se trouver dans ses pensées. Camélia. Oui voilà, parlons plutôt de Camélia. Pensons à elle. Il était vraiment fier d'avoir été choisi comme parrain de leur fille. Sirius avait été choisir pour être le parrain de Harry et Remus était le parrain de leur fille. Il en avait été honoré. De plus, il trouvait qu'elle avait un prénom très joli. Il avait une certaine affinité avec les prénoms se finissant par « a ». Avant elle, il ne savait pas quel genre de parrain, ou de second père, il pouvait être. Mais grâce à elle, il avait pris encore plus de goût aux enfants. Lorsqu'elle était petite, il la portait sur ses épaules et jouait au cheval en faisant tout le tour du salon et la fillette riait aux éclats. Remus par contre curieux que Rogue congratule ainsi la fille de James et qu'il la considère autant mais quand on savait que c'était aussi la fille de Lily, alors il n'y avait plus rien d'étonnant à cela... Sans compter que physiquement elle ressemblait bien plus à Lily. Si Harry était le portrait craché de son père, Camélia était le portrait craché de sa mère... Il tendit l'oreille et écouta Rogue reprendre la parole et jugea en lui-même de ses paroles. Il y aurait malheureusement toujours des gens dans le monde qui, au lieu de travailler eux-mêmes, envieront les autres...

« … Je considère la jalousie comme une faiblesse car si au lieu de la jalouser, ils travaillaient davantage, alors ils pourraient réussir eux aussi... Parfois la réussite ne demande que travail. » Evidemment, parfois et pour des cas plus rares,  il y avait le talent ! Mais généralement, c'était en travaillant que l'on réussissait. « Donc je considère qu'elle fait honneur aux Gryffondors. » répondit-il avec calme et philosophie.

Il fut encore plus ravi d'entendre dire que chaque année, quand les Serpentards entendaient parler d'un nouveau chouchou de leur professeur préféré et que ce chouchou était un Gryffondor, ils n'aimaient pas cela. C'était tant mieux pour eux et il n'allait pas les plaindre... Il avait toujours connu en général les Serpentards comme étant énormément imbus de leur personne et se croyant les meilleurs. Alors que pour une fois ils se fassent dépasser, par meilleurs qu'eux et qui ne faisaient pas partie de leur Maison, Remus appréciait beaucoup cela oui.

« … Cela ne peut pas leur faire de mal... » Cela ne pouvait être que bon pour leur égo déjà imposant... Pour la plupart. Etant donné que beaucoup de Serpentard étaient encore des Sang-purs, voir que des élèves de sang-mêlés ou même d'origine moldue étaient meilleurs qu'eux, cela devait leur coûter certes, mais au moins cela démontrait bien que la réussite et le talent ne tenait pas en compte de l'origine de son sang. « Force est de constater que cette petite rivalité opposant deux des Maisons n'est pas prête de disparaître... »

Severus aimait beaucoup faire naitre la jalousie chez ses élèves, ça l’amusait et il fallait bien qu’il trouve un peu de réconfort dans sa pitoyable situation. Il trouvait également que cela motivait les plus coriaces à faire des efforts pour surpasser les autres et ainsi espérer prendre la place du préféré et bien entendu, il était également ravi de pouvoir rabaisser les plus faibles en leur rappelant à quel point son ou sa préférée était plus doué qu’eux tous réunis… Mais ça il valait mieux qu’il le garde pour lui tout seul. En ce qui concernait Camélia, qui était arrivée une année après son frère, il devait admettre en son fort intérieur, qu’il avait été surpris.

Voila de cela quelques années, Lily et Severus avaient finalement enterré la hache de guerre mais puisque Severus restait méfiant, il ne les avait pratiquement pas revu ensuite. D’abord il ne supportait toujours pas Potter ou Black et ensuite, il ne pouvait plus être comme avant avec Lily, ça ne pouvait plus jamais être comme avant parce qu’une part de lui, lui rappelait qu’elle n’avait pas hésité à l’abandonner ,tout comme une part de Lily devait lui rappeler l’insulte et le passé de joyeux mangemort du Serpentard… Il n’avait donc réellement vu les enfants de Lily que lorsque ces derniers étaient arrivés au collège à l’âge de onze ans. D’abord Potter fils, plus âgé d’un an par rapport à sa sœur. Le portrait craché de son père à l’exception de ses yeux qu’il tenait de sa mère, peut-être la seule raison pour laquelle Severus ne lui avait jamais lancé de sort malgré tout le mépris et toute la colère que le gamin pouvait faire naitre en lui en une fraction de seconde… Il avait la même attitude, imbu de sa petite personne, arrogant et nul en potion… Ca par contre il ne savait pas de qui il le tenait parce que Potter était relativement doué au collège, même en potion, même s’il n’avait pas un niveau aussi élevé que lui ou Lily dans cette matière.

Et puis l’année suivante, il attendait la catastrophe numéro deux en la personne de Camélia, s’imaginant qu’elle serait comme son frère, tout le portrait d’une Potter et le même caractère insupportable… Mais non, il avait vite compris que si le fils avait pratiquement tout pris de son père, la fille avait pratiquement tout pris de sa mère… Même au niveau caractère et pour son plus grand bonheur, elle était douée en potions… Oui pour son plus grand bonheur parce qu’elle était à Gryffondor et qu’en plus c’était la sœur de Harry, hors quoi de plus efficace pour enrager le fils Potter que de privilégier sa petite sœur durant ses cours alors qu’il était si pitoyable devant un chaudron et que Severus ne se gênait pas pour le faire savoir à voix haute…

« … Je considère la jalousie comme une faiblesse car si au lieu de la jalouser, ils travaillaient davantage, alors ils pourraient réussir eux aussi... Parfois la réussite ne demande que travail. »

Et il ne pouvait pas lui donner tors sur ce point… Seulement c’était tellement amusant de les voir lancer des éclairs, se débattre avec leurs potions alors que Miss Granger par exemple, réussissait si bien et si vite. Alors il n’allait pas leur donner la solution sur un plateau, même si à son sens elle était quand même tellement évidente qu’il se demandait comment ils faisaient pour ne pas la voir.

« Donc je considère qu'elle fait honneur aux Gryffondors. »

S’il voulait voir les choses ainsi… Mais entre nous si Camélia faisait honneur aux Gryffondors, la plus part d’entre eux entachaient bien cet honneur dans des bêtises plus grosses que le château lui-même. Severus enchaina donc en expliquant qu’il trouvait amusant de voir les Serpentards blessés dans leurs égaux un peu trop grands pour de si petits sorciers et Lupin en sembla assez amusé, lui qui s’attendait à ce qu’il soit choqué de savoir que le professeur s’amusait aux dépends de ses élèves…

« … Cela ne peut pas leur faire de mal... »

Tout a fait d’accord sur ce point, Severus ne s’aventura pas à le faire savoir à voix haute pour autant.

« Force est de constater que cette petite rivalité opposant deux des Maisons n'est pas prête de disparaître... »

Non… De toutes façons il fallait bien avoir des ennemis…

« J’admet que je ne fais rien pour arranger les choses… » Concéda Severus.

Il bu une gorgée de thé et reposa sa tasse. Il ne faisait rien pour pousser Gryffondors et Serpentards à s’apprécier comme l’aurait pourtant surement voulu Albus, mais il n’allait pas non plus leur dire de s’attaquer dans les couloirs… Car contrairement à ce que certains imbéciles pensaient, ça n’était pas parce qu’il ne donnait pas le bon exemple qu’il s’empressait de leur donner le mauvais… Severus fut soudainement pris de curiosité… Il savait que la plus part de ses collègues étaient clairement hypocrites en déclarant qu’ils n’avaient aucune préférences parmi leurs élèves mais peut-être que Lupin admettrait… Il y en avait forcément qui étaient plus doués, plus sympathique que les autres… Avoir des préférences, même si ça n’était pas très sympathique, c’était humain.

« Et toi Lupin… Tu avais bien des préférés quand tu enseignais non ? »

Autant rester sur le même sujet, du moins tant qu’il ne trouverait rien de mieux parce qu’il avait beau se triturer les méninges… Les autres pour le moment lui donnait l’impression qu’ils finiraient par se taper dessus… et il était certain que si Dumbledore avait la mauvaise idée de venir à ce moment là il dirait que tout était de sa faute, une fois de plus…

C'était vraiment dommage que déjà, à l'école, les jeunes passaient leur temps à se critiquer, à se défier, à se taper dessus et à essayer d'avoir le dessus sur les autres. Remus avait toujours été lasse de cette petite guerre entre Gryffondor et Serpentard. Depuis toujours. Il se disait qu'il y avait déjà bien assez de conflits au-dehors sans qu'on en rajoute encore à l'intérieur d'une école. Il avait toujours été fatigué de ce genre d'attitudes qui consistait à montrer qu'untel était plus fort que l'autre, qu'untel valait mieux que l'autre et ainsi de suite. On en finissait jamais. D'année en année, ce genre de choses continuaient... Comme si les pères ou les mères passaient à leurs enfants ce gêne, qu'ils le formataient afin qu'ils poursuivent ce qu'eux-mêmes avaient commencé. Surtout il faut que tu sois meilleur que lui ! C'est une question d'honneur ! Ne te laisse jamais marcher sur les pieds par eux !

Remus, à leur place, leur dirait  simplement d'être eux-mêmes, de ne pas s'occuper d'untel. Il leur dirait de se surpasser, de montrer de quoi ils étaient capables. D'être bon surtout envers les autres, de les aider... Non pas de chercher à se monter contre tout le monde pour se montrer les plus forts. Si déjà à cette époque-là, ce genre de relation était entretenue, alors que deviendraient-elles une fois adultes ? Cela ne pouvait guère s'améliorer. Une fois les rancoeurs du passé plantées, il était difficile de les déterrer ensuite. Ce qui était planté directement à l'enfance ou à l'adolescence était délicat à oublier... Remus trouvait cela dommage que les gens an général ne pensait qu'à se montrer plus forts et meilleurs que les autres, au lieu de chercher simplement à être eux-mêmes et à prouver leurs capacités à eux-mêmes. L'important après tout, c'était d'être content de soi. Combien de personnes cependant y avait-il qui pensait comme Remus ? Certainement une minorité. Remus trouvait cela dommage.

« … Oui, bien sûr... Le contraire serait inespéré... » répondit-il lorsqu'il entendit Severus répondre qu'à vrai dire, il ne faisait rien pour arranger la situation entre Gryffondor et Serppentard. Le lycan eut un léger sourire confus. Il l'observa boire son thé de loin et reposer sa tasse. Remus observa un léger silence quelques temps avant de l'entendre reprendre la parole et lui demander s'il avait lui-même eu des préférences parmi les élèves auxquels il avait enseigné durant cette année 1993...

Peut-être n'était-il pas quelqu'un de commun... Oui, sans aucun doute...

« J'ai toujours essayé de passer au-delà de tout ceci, de cette idée de préférence. Ce n'est pas ce qui me guide. » répondit-il simplement. Et s'il en avait jamais eu, il n'aurait certainement pas montré sa préférence à un plus qu'à un autre. Il y avait cette Hermione Granger qui, sur bien des points, lui rappelait Lily. Elle venait toutes les deux d'une même famille, d'une famille née-moldu et elle était très douée. Il y avait Harry évidemment, pour lequel il était attaché sentimentalement. Contrairement peut-être à ce que Severus admettrait, Remus le pensait plutôt doué en Défenses. Il y avait aussi Neville... Il lui avait fait de la peine au début. Ce garçon timide, qui n'osait pas s'imposer. Car, pour lui, c'était là le point centrale de son problème. Il sentait en lui des capacités certaines qui ne demandaient qu'à s'extérioriser et à se montrer. Ron était aussi un peu dans ce groupe-ci, d'après lui... Il n'avait parfois pas assez confiance en lui. En tant que cadet, en tant que dernier garçon de sa famille, il devait marcher derrière la réputation du reste de la fratrie, il devait s'affirmer. Il manquait un peu de confiance en lui. Il avait peur de ne pas être assez bon. Mais c'était faux il en était sûr. « … Evidemment, il y a toujours des élèves qui montrent plus de talent que d'autres. Et pas forcément des qui sont issus de familles de sang-purs... Ce dont je suis ravi. Néanmoins, je crois qu'il y a quelque chose qui nous séparera toujours... »

A ces mots il fit une petite pause avant de reprendre en esquissant un léger sourire. « Je ne me préoccupe pas uniquement des personnes qui n'ont aucun mal à réussir en classe mais également de ceux qui ont plus de difficultés à décoller... Parce que ce n'est pas parce qu'en apparence, quelqu'un a des difficultés, qu'il ne peut réussir. » Remus serait plus du genre à leur donner presque des cours particuliers pour les aider à comprendre ou à réviser là où ils avaient le plus de problèmes. Quitte à rester dans sa salle de classe après les cours à faire des heures supplémentaires... Il aimait ce travail. Il aimait aider les élèves à apprendre à se défendre parce que c'était primordial de savoir se défendre parce que quand ils se retrouveraient dans le monde réel, dehors, on ne leur ferait pas de cadeaux. Remus ne le savait que trop bien. Le monde des adultes était impitoyable. Il n'était pas certain que Severus en fasse de même et prenne ainsi sur son temps pour essayer d'aider ceux qui avaient plus de mal à réussir mais qui avait néanmoins des capacités ! « A part si bien sûr nous n'avons pas la même méthode pour les encourager à travailler dur pour réussir... » termina t-il avec un léger haussement d'épaules.

« … Oui, bien sûr... Le contraire serait inespéré... »

Et une autre réponse aurait étonné le professeur de potions… Non parce qu’il était évident que Lupin n’était pas pour ce genre de comportement, c’était un Gryffondor et pour lui le rôle d’un professeur c’était d’aider les élèves a passer au dessus de cette petite guerre ridicule qui opposait Serpentard et Gryffondor, mais Severus n’était pas comme ça et puis franchement ça aurait été bien étrange de sa part de jouer les conseillers avec les élèves pour apaiser ce genre de tension puériles… Plutôt que d’épiloguer sur le sujet, puisque de toutes manières ils n’avaient pas le même point de vue et qu’il doutait de pouvoir changer celui de Lupin (tout comme Lupin ne devait pas espérer faire changer Severus d’avis.) Il bu un peu de son thé avant de demander à Remus, avec sarcasme c’était presque une évidence, si ce dernier avait bien eu des petits préférés lorsqu’il enseignait à Poudlard.

Lui répondre non aurait sans doute été la pire des hypocrisies car tout plein de bonne intentions que l’on puisse être, on avait forcément des préférences, même si on essayait de les gommer pour que ça ne se voit pas, on avait forcément un moment où l’on préférait quelque chose ou quelqu’un par rapport à quelque chose ou quelqu’un d’autre.

« J'ai toujours essayé de passer au-delà de tout ceci, de cette idée de préférence. Ce n'est pas ce qui me guide. »

Et Severus ne manqua pas de relever le fait que Lupin avait essayé de passer au dessus, ce qui signifiait que malgré tout, il en avait eu, même s’il ne les avait pas montré, ni aux autres, ni même aux concernés…

« … Evidemment, il y a toujours des élèves qui montrent plus de talent que d'autres. Et pas forcément des qui sont issus de familles de sang-purs... Ce dont je suis ravi. Néanmoins, je crois qu'il y a quelque chose qui nous séparera toujours... »

Mais Severus n’avait jamais dit qu’il choisissait ses préférés parmi les sang-pur… Il les choisissait parce qu’ils avaient du talent pour les potions… Certes, il était considéré comme un salaud sans cœur et sans morale par à peu près tout le monde, mais il n’était pas si idiot et vache que ça… Non, ses préférés méritaient de l’être… Sinon il aurait d’office choisit Drago et non Hermione dans la promotion quatre-vingt-onze. Mais force lui était de constater que miss Granger était bien plus douée que Drago, ce qui agaçait prodigieusement ce dernier d’ailleurs et il se surpassait pour essayer de gagner la place de préféré… même si jusqu’à maintenant, il n’y avait pas réussi.

« Je ne me préoccupe pas uniquement des personnes qui n'ont aucun mal à réussir en classe mais également de ceux qui ont plus de difficultés à décoller... Parce que ce n'est pas parce qu'en apparence, quelqu'un a des difficultés, qu'il ne peut réussir. »

Allez savoir pourquoi, le prénom « Neville Londubat » raisonnait dans sa tête comme un rappel de l’acharnement qu’il mettait sur le pauvre garçon… Mais il était nul en potion et maladroit par-dessus le marché alors il ne fallait pas s’en étonner… Et puis on ne pouvait pas être doué partout, regardez lui par exemple il n’avait jamais rien compris à l’astronomie, confondant les noms des étoiles, quand il ne les oubliait pas tout simplement…

« Ou alors il faut parfois accepter que ce sont des cas désespérés… »

Oui parce que franchement même avec toute la bonne volonté du monde… Et le pire dans tout ça c’était qu’il devait venter les mérites de Londubat au seigneur des ténèbres pour que ce dernier n’arrive pas à se décider entre lui et Potter, du moins pas trop vite…

« A part si bien sûr nous n'avons pas la même méthode pour les encourager à travailler dur pour réussir... »

Mais bien sur qu’ils n’avaient pas la même méthode… C’était même l’évidence même… Là où Lupin prônait les encouragement et le soutien, Severus se servait de l’esprit de compétition… Mais c’était sans doute normal, sauver la veuve et l’orphelin c’était un comportement de Gryffondor quand à l’esprit de compétition c’était bien plus Serpentard… Les deux hommes ne pouvaient certainement pas cacher les noms de leurs anciennes maisons…

« Je les fait marcher avec l’esprit de compétition… Cela leur apprend la ténacité… C’est un peu comme l’âne que l’on fait avancer avec une carotte, même si je t’accorde que la comparaison n’est pas flatteuse… »

Ca n’était peut-être pas la bonne méthode et d’ailleurs, c’était certainement ce que Lupin pensait, mais c’était celle qu’il avait adopté depuis longtemps et les résultats étaient là, ses pourcentages en taux de réussite n’avaient jamais baissé d’un poil… Même avant les BUSEs…

Esprit de compétition. Remus avait envie de chasser ce seul mot d'un vague geste de la main, mais par pure courtoisie et politesse, il n'en fit rien. La compétition ? A quoi cela servait-il de toujours chercher à faite mieux que les autres ? Le plus important était d'essayer de faire mieux que soi-même, de se surpasser pour parvenir à aller au-delà de ses capacités. Et cela, sans même s'occuper de ce que pouvait s'occuper des autres. Parce qu'il partait du fait qu'ils ne devaient en aucun cas avoir le dernier mot dans nos choix. Tout en sachant que l'on finissait souvent par être déçu des autres alors autant ne se fier qu'à soi-même. Certes, ils ne s'entendraient certainement jamais là-dessus car sur cet avis leur Maison était radicalement opposée. L'esprit de compétition, cela n'avait apporté principalement que du mal à la société. Toujours faire plus que son proche, toujours chercher à l'impressionner. Non. Ce n'était pas de cela dont on avait besoin. Cela ne pouvait amener que division au sein du peuple et ce n'était pas ce dont leur société avait besoin.

« Cas désespérés ? Je ne crois pas. Il faut surtout de la patience mais tout le monde n'en possède pas. C'est donner une chance à des gens qui ont des capacités ailleurs mais que d'autres ne veulent pas voir. Parfois il suffit juste d'un petit coup de pouce mais si personne n'essaie de les aider, alors ils auront davantage de mal pour s'en sortir. » fit-il simplement avec assurance et fermeté. Ma parole, serait-il en train de lui faire une leçon de morale ? Non... « Certaines personnes pourraient nous surprendre et d'autres pourraient un jour regretter de les avoir sous-estimer. »

Sous-estimer les gens est l'une des pires choses dont les gens sont capables.

Serpentard ne faisait que prôner cela alors que c'était ensembles qu'il fallait avancer, et pour cela il fallait donner la main à ceux qui en avaient besoin pour avancer... Ce n'était pas parce qu'on était moins bon en certaines matières – comme Neville – qu'il ne pouvait un jour aller au-delà de ses capacités. C'était uniquement de confiance en soi dont il manquait. C'est tout. Généralement, la maladresse et la confiance en soi étaient souvent reliés l'un à l'autre d'ailleurs... Lorsqu'on n'était pas sûrs de ce que l'on faisait, on avait moins de chance d'être maladroit. Quand on avait peu de confiance en soi, nos gestes étaient normalement moins assurés et le doute s'immisçait dans nos pensées. C'était ce doute qui nous faisait rater beaucoup de choses... Il fallait gagner de la confiance en soi, mais c'était plus difficile chez certaines personnes. En ce qui concernait Remus, il avait toujours manqué de confiance en lui sur certains points et c'était grâce à la confiance de ses amis envers lui qu'il avait appris à prendre confiance en lui. Et puis il avait eu envie de prouver qu'il méritait lui aussi d'étudier la magie malgré ce qu'il était. Bon d'accord, il n'avait jamais compter sur quiconque pour réussir dans les matières. Juste en bossant énormément et en lisant des tonnes de livres...

« L'âne avec une carotte ? Non, ce n'est assurément guère flatteur... » fit-il remarquer lorsque Severus mentionna l'image d'un âne et une carotte en lui disant que faire marcher les élèves à la compétition les aidait à être plus tenaces. Certes, Remus en convenait, ça aidait la « compétition ». Néanmoins, il continuait de penser que ce n'était pas la meilleure solution pour les faire aller au bout de leurs capacités parfois insoupçonnées. Il n'en reste pas moins que cette méthode laissait derrière les élèves en plus grandes difficultés alors qu'au contraire parfois il fallait les aider à trouver confiance et à s'améliorer. Cette méthode laissait de côté nombre d'élèves.

Honnêtement, Remus ne pensait pas un jour pouvoir tenir une conversation plus ou moins cordiale avec Rogue... Qu'en penserait Sirius ou encore James ? Sûrement qu'ils le regarderait avec de gros yeux et qu'il penserait qu'il est devenu fou. A vrai dire, il se surprenait lui-même de pouvoir dire que cela faisait près d'un quart d'heure qu'ils étaient là à « discuter ». D'un autre côté, il ne le détestait pas forcément au même point que ses deux meilleurs amis... Pour qu'il déteste quelqu'un il fallait vraiment qu'on lui fasse un sacré coup vache qu'il ne puisse pardonner.

Discuter avec Remus Lupin s’avérait plus compliqué qu’il ne l’aurait pensé. Pourtant, il pensait que puisque c’était celui des maraudeurs qu’il détestait le moins, il pourrait se montrer au minimum civilisé avec lui, mais Lupin semblait tellement coincé en sa présence… Certes, c’était une habitude mais bon sang, il devait bien discuter avec les gens de temps en temps non ? Ou alors leurs opinions divergeaient trop l’une de l’autre… C’était surement ça… Severus et Remus étaient l’un comme l’autre blasés par la vie mais chacun à leur manière… Remus voulait croire que les gens pouvaient changer pour un peu qu’on leur en donne la chance, Severus était trop habitué à ne voir personne changer, même quand ils avaient une chance…

« Cas désespérés ? Je ne crois pas. Il faut surtout de la patience mais tout le monde n'en possède pas. C'est donner une chance à des gens qui ont des capacités ailleurs mais que d'autres ne veulent pas voir. Parfois il suffit juste d'un petit coup de pouce mais si personne n'essaie de les aider, alors ils auront davantage de mal pour s'en sortir. »

Comme il le pensait, Lupin était un adepte de la seconde chance… Voir même de la troisième ou quatrième chance… Mais c’était un Gryffondor après tout et ils étaient tous plus ou moins comme ça… Enfin non, pas tous, sinon Black et Potter auraient peut-être accepté de revoir un peu leur jugement au lieu de continuer à s’acharner sur lui avec les années qui passaient… Bien sur, il savait qu’il n’était pas tout blanc dans ces histoires là, d’ailleurs il n’avait jamais prétendu n’être qu’une pauvre petite victime innocente. D’ailleurs il se vengeait quand il le pouvait, des mauvais coups que Black et Potter lui faisaient mais il gagnait bien moins souvent puisqu’il était généralement en minorité… Ah il était beau le courage Gryffondor… Enfin, il s’était promis de rester autant civilisé que possible, alors il n’allait pas partir sur ce terrain là.

« Certaines personnes pourraient nous surprendre et d'autres pourraient un jour regretter de les avoir sous-estimer. »

Et Severus maintenait que certaines étaient et resteraient des cas désespérées…

« Bien sur, Lupin… Bien sur… C’est comme d’affirmer que tout le monde à le droit à une deuxième chance, le droit de se racheter… et oublier que certains ne veulent pas de cette deuxième chance… Croire qu’on peu être bon partout ça revient à croire que le seigneur des ténèbres distribuera des chocogrenouilles aux petits nés-moldus à noël… »

Avoir de l’espoir, c’était une chose… En avoir trop, ça signifiait courir à sa perte… Combien de fois n’avait-il pas dit à Albus qu’à trop vouloir voir le bon en tout le monde, il finirai par creuser sa tombe tout seul ? Mais le vieux fou ne l’écoutait pas et Severus doutait que Lupin l’écoute également à ce propos… On avait beau dire, il n’était pas le seul têtu de l’histoire…

Severus expliqua donc à Remus que sa méthode de prédilection c’était l’esprit de compétition… Vouloir accorder sa chance à tout le monde, c’était bien beau mais ça n’aidait pas à se préparer au monde extérieur. Il fini par comparer sa méthode à une image utilisée par les moldus à savoir « l’âne et sa carotte ». C’était en d’autres mots, leur faire espérer un rêve, leur donner un but pour qu’ils se surpassent. Certes, avec cette méthode il fallait se montrer obstiné, mais Severus n’avait pas soutenu qu’elle fonctionnait avec tout le monde.

« L'âne avec une carotte ? Non, ce n'est assurément guère flatteur... »

Severus eut un léger, très léger rire sarcastique puis il se mis à réfléchir à ce qu’ils pourraient bien discuter ensuite en attendant Dumbledore qui ne se décidait pas à venir. Il avait essayé  de lui parler de sa filleule en pensant qu’il ne se dirigeait pas vers un terrain glissant mais finalement la conversation avait dérapé sans que ni l’un ni l’autre ne l’ait réellement voulu… Severus n’allait quand même pas lui parler de ses histoires de cœur, d’abord il ne voulait pas savoir ce qu’il se passait dans la vie privée de Lupin et surtout il ne voulait pas s’épancher sur sa propre absence de vie privée… Aborder les amis de Lupin c’était à proscrire, sauf peut-être Lily mais il se méfiait toujours, parce que ça n’était plus comme avant et ça ne serait jamais plus comme avant d’ailleurs. Quand à Harry Potter… Non, il ne valait mieux pas aborder le sujet…

« Décidément, ne pas aborder un sujet épineux se révèle plus compliqué que je ne l’avais imaginé tout à l’heure… » Marmonna-t-il.

Oui, d’abord il n’avait pas l’habitude et ensuite on ne pouvait pas dire qu’ils s’entendaient bien… Ils se supportaient tout au plus, la plus part du temps ils se contentaient de s’ignorer…

« Si Albus continue de dire que je ne fais aucun effort pour être plus civilisé, j’espère que tu auras l’amabilité de le détromper… » Lança-t-il soudain.

Hm, non en fait, en parlant de cas désespéré, c'en était également un à parler avec Severus Rogue éducation. Il savait qu'ils ne tomberaient jamais d'accord parce qu'ils n'avaient tous deux pas la même façon d'enseigner. Alors peu importait leurs arguments respectifs, ils ne pourraient pas tomber d'accord. Il le savait. D'ailleurs, Remus ne cherchait pas réellement à le convaincre et il savait que Rogue savait qu'il ne le convaincrait pas non plus. Mais pourtant, ils continuaient de parler et d'expliquer leur point de vue. D'un côté, leurs deux points de vue n'étaient pas faussés. Il y avait du vrai en chacun. Ils s'appuyaient chacun sur leur expérience et leur expérience à tous deux différait de beaucoup sur le fond... En tous les cas, lui Remus, on lui avait donné une chance à deux reprises. Il s'en souvenait, s'en souviendrait toujours et ainsi il tentait lui aussi de donner sa chance aux gens avant de chercher à les juger.

Un point qui le différenciait également de ses deux meilleurs amis... Parce qu'il savait ce que c'était qu'être différent et être rejeté, alors il ne chercherait pas à juger quelqu'un sur les simples apparences. Il était plus enclin à chercher à comprendre avant. Il avait bien tenté d'expliquer cela à ses amis, à plusieurs reprises, mais il n'avait jamais réussi à se faire écouter d'eux et il n'avait jamais vraiment insisté de peur de les braquer. Leur amitié était tout ce qu'il avait de plus cher, alors sans doute était-ce pour cette raison qu'il n'avait pas trop envie de leur faire la moral... De peur qu'ils le prennent mal. Il n'avait pas envie de se retrouver tout seul... En fait, c'était ceci sa plus grande peur. Se retrouver seul. Tout comme il avait toujours aspiré à être aimé : c'était là aussi où il avait souvent échoué. Alors quand il avait trouvé des amis, de vrais amis sur qui il pouvait compter, il avait trop peur de les perdre s'il faisait une fausse manœuvre...

Alors il laissait de côté leur comportement parfois un peu puéril et espérait simplement qu'en grandissant, ils changeraient. Ce qu'ils avaient fait un peu quand même, en particulier James parce que sinon Lily ne serait jamais tombé amoureuse de lui. Il en était certain. Il la connaissait Lily... Avant qu'elle ne sorte avec son meilleur ami, il en avait passé des heures avec elle à discuter ou à faire des devoirs à la bibliothèque – il n'avait jamais trop essayé de la mettre avec James. Il ne s'était jamais incrusté dans leurs relations plutôt houleuses du début. Peut-être qu'il avait juste essayé de lui faire comprendre que sur beaucoup de points, James méritait à être connu et que sa prétention n'était qu'apparence... Enfin, peut-être pas. Il fallait avouer qu'il en avait pas mal quand même, Mais bon, il ne pouvait pas lui en vouloir, pas après tout ce qu'il faisait pour lui. C'était un chouette ami. Un très chouette. C'était les meilleurs amis qu'il avait eu de toujours.

Remus retint une expression très préoccupée. Alors là il lui faisait dire ce qu'il n'avait pas dit, ce qu'il n'avait jamais dit même. Evidemment que personne ne méritait qu'on lui donne une chance : pour ce qui concernait certaines personnes comme Greyback par exemple ou encore des gens comme Lestrange, là il n'était pas assez fou pour vouloir leur donner une seconde chance, une chance de se rattraper. Par rapport au premier, il attendait même lui-même de se venger un jour contre lui. Il attendrait de pied ferme, sans toutefois se jeter dans la gueule du loup... Il ne pouvait avouer toutefois qu'il n'avait pas peur de lui d'une certaine mesure – ou peur de lui-même, mais quoiqu'il en soit, il y avait des gens à qui il n'irait jamais accorder de seconde chance. Des gens qui avaient fait bien trop de mal pour que cela puisse être pardonné. Il n'y avait pas qu'un critère à prendre en compte. Il ne changerait cependant jamais d'avis. Rogue avait tord de mettre tout le monde dans le même panier en disant que certains ne pouvaient pas mériter à être connus.

« Le droit de se racheter ? Assurément non. Tu crois peut-être que je serai assez fou pour vouloir donner une seconde chance à certaines personnes qui ont fait bien trop de mal pour que cela soit pardonnable ?  Il y a des gens, qui ne sont même pas des gens mais des monstres, dont les actes sont impardonnables. Mais la nuance est que je parlais d'élèves là... De jeunes sorciers qui ne connaissent encore rien de la vie, qui sont en formation, qui ont un peu de mal mais qui mériteraient à être plus connus, qui ont juste besoin d'un coup de pouce. Eux, ils sont encore en quelques l'âme blanche... Du moins, en partie. Rien d'irrattrapable en tous cas. » Il haussa les épaules en signe d'impuissance. « Mais de toutes façons, je n'essaierai même pas de te convaincre puisque c'est peine perdue. Tout comme c'est peine perdue que tu réussisses à me convaincre sur cela... »

Remus ne serait jamais d'accord avec Severus sur ce point. Vuloir mettre en compétition les élèves n'aidaient en rien ceux qui avaient un peu de mal à démarrer. Au contraire, cela ne faisait qu'accroître le fossé entre ceux qu'il appellerait « les meilleurs » et ceux qu'il appellerait « les médiocres ». Or, ce n'était pas bon. Ce n'était pas la bonne solution parce que l'autre groupe se sentait délaissé et comme on ne les encourageait jamais eux non plus, ils ne voyaient pas pourquoi travailler : parce qu'ils se pensaient inférieurs aux autres, parce que la méthode de Rogue consistait à rabaisser les uns pour aider les meilleurs à se départager. Non, ce n'était pas la bonne solution parce que cela laissait les autres de côté et c'était une grosse erreur de ne pas leur donner la chance de s'en sortir eux aussi. Sa méthode ne faisait qu'agrandir les fossés d'écarts entre les gens. Ce n'était pas bon.

Son ouïe plus fine que la moyenne des sorciers le fit percevoir ce que le professeur de Potions marmonna à moitié mais le lycan fit semblant de ne pas l'avoir entendu. Après tout, il n'était pas censé l'avoir entendu ; ce n'était pas adressé à lui. Il alla alors poser la tasse qu'il venait de vider dans l'évier – peut-être pour se laisser le temps de trouver un sujet de conversation qui ne les mettrait ni l'un ni l'autre mal à l'aise... Un sujet qui n'était pas épineux... Délicat à trouver. Ça, c'était certain, c'était plus difficile que de trouver des points de désaccords pour s'engueuler. Il se retourna et s'adossa à l'évier et ne put qu'être d'accord avec ce que dit Severus. Très difficile oui. Lorsqu'il ajouta qu'il espérait qu'il détrompe Dumbledore quand ce dernier avancerait qu'il ne faisait aucun effort pour être civilisé, Remus esquissa un imperceptible sourire.

« J'y penserai. » Les sourcils froncés, il ajouta pensivement... « En fait, je me demande si Dumbledore compte vraiment venir faire un tour ici ce soir... » Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'il y songeait et plus le temps avançait, plus cette intuition se faisait insistante dans son esprit.

« Le droit de se racheter ? Assurément non. Tu crois peut-être que je serai assez fou pour vouloir donner une seconde chance à certaines personnes qui ont fait bien trop de mal pour que cela soit pardonnable ? Il y a des gens, qui ne sont même pas des gens mais des monstres, dont les actes sont impardonnables. Mais la nuance est que je parlais d'élèves là... De jeunes sorciers qui ne connaissent encore rien de la vie, qui sont en formation, qui ont un peu de mal mais qui mériteraient à être plus connus, qui ont juste besoin d'un coup de pouce. Eux, ils sont encore en quelques l'âme blanche... Du moins, en partie. Rien d'irrattrapable en tous cas. »

Mais certains étaient éduqué depuis le berceau de façon à croire que la vision du seigneur des ténèbres était la seule qui soit normale et qui ait le droit d’exister… C’était du dressage, du lavage de cerveau en bonne et due forme… Mais on rentrait bien dans la tête de certain que les mages noirs étaient les méchants de l’histoire et que leurs enfants, même s’ils n’avaient encore rien à se reprocher, ne valait pas mieux que les parents. Ca n’était que des gosses, comme Remus le disait, seulement des gosses qui étaient nés dans la ‘mauvaise’ famille… Mais les sorciers qui œuvraient pour le bien ne se rendaient généralement pas compte que par bien des points, ils ne valaient pas mieux que les mages noirs.

« Mais de toutes façons, je n'essaierai même pas de te convaincre puisque c'est peine perdue. Tout comme c'est peine perdue que tu réussisses à me convaincre sur cela... »

Pourtant c’était ce qu’il essayait de faire en quelques sortes, mais Severus préféra ne pas répondre. Mince, il n’était vraiment pas doué ou alors c’était plus fort que lui… Il venait de se rendre compte que le seul moyen de ne pas faire sortir les gens de leurs gonds c’était encore d’attendre en silence en faisant comme s’il était tout seul… Quoi que… Il était sur que ça aurait au contraire encore plus énervé certaines personnes…

Plutôt que de répondre, Severus marmonna ses pensées à voix basse, ne se doutant pas que Remus ait pût entendre et il le regarda ramener sa tasse vide dans l’évier avant qu’il ne lui dise, d’une manière assez singulière, qu’il espérait que Lupin aurait l’amabilité de détromper Albus la prochaine fois qu’il insinuerait qu’il ne faisait aucun effort pour être moins taciturne. Cela amusa le lycan apparemment mais l’ancien Serpentard préféra ne pas faire de remarque sur ce léger sourire en coin.

« J'y penserai. En fait, je me demande si Dumbledore compte vraiment venir faire un tour ici ce soir... »

Severus eut l’air blasé… C’était tout a fait Dumbledore, malheureusement, de se mêler de sa vie en l’obligeant à faire ce qu’il voulait qu’il fasse… Et il aurait très bien put avoir l’idée tordue de faire semblant de lui donner un rendez-vous, sachant que Lupin serait là, pour les forcer à se parler tout les deux. Severus était généralement moins sarcastique quand il se retrouvait en tête à tête avec quelqu’un, c’était toujours plus difficile quand il y avait plusieurs personnes en sa compagnie, particulièrement quand il savait que la plus part ne pouvaient pas l’encadrer.

« Tu sais quoi ? Venant de Dumbledore ça ne m’étonnerait même pas que tu ais raison… Il en serait parfaitement capable… »

Il était à moitié ronchon, se rendant compte qu’il s’était proprement fait rouler dans la farine, Albus était rarement en retard… Puis il repris, plein de curiosité, histoire de savoir si Albus avait tout simplement un faible pour le faire tourner en bourrique, lui particulièrement ou bien s’il le faisait aussi avec d’autres personnes dont il jugeait la vie trop solitaire. Bon Lupin avait des amis, mais il était célibataire et sans enfants… Et comme il ne semblait pas être un coureur de jupons comme Black…

« Alors comme ça il joue aussi avec ta vie comme si tu n’étais qu’une vulgaire marionnette entre ses mains ? Ou bien c’est juste moi qu’il essaie de façonner comme bon lui semble pour me rendre plus heureux ? »

Enfin plus heureux, c’était ce que Dumbledore sous-entendait ça, parce que de son point de vue, quand il lui fichait la paix deux secondes au lieu de s’incruster dans sa vie, il allait plutôt bien…